L'UE envisage de gérer les flux migratoires hors de ses frontières

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L'ue reflechit a gerer les flux migratoires hors de ses frontieres[reuters.com]
(Crédits : Elias Marcou)

par Gabriela Baczynska

BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants de l'Union européenne s'accorderont lors du Conseil européen de la semaine prochaine sur une réflexion autour de la mise en place dans des pays tiers de "plate-formes régionales" de gestion des réfugiés et des migrants, selon le projet de déclaration que Reuters s'est procuré mardi.

Ces centres pourraient être établis notamment en Afrique du Nord, indique-t-on de source européenne.

De nombreuses capitales européennes, de Rome et Budapest notamment, ont appelé à la mise en place de ces centres alors que l'UE peine à gérer l'afflux de migrants depuis 2015. Le risque que ce projet soit contesté en raison de sa potentielle illégalité a jusqu'à présent empêché qu'une telle mesure soit mise en oeuvre.

Mais le nouveau gouvernement italien a demandé que l'Europe l'aide davantage dans l'accueil et la gestion des migrants qui traversent la Méditerranée.

"Ces plateformes pourraient permettre un examen rapide et permettre d'opérer une distinction entre les migrants économiques et ceux qui ont besoin d'une protection internationale, et limiter la tentation d'embarquer pour des voyages dangereux (ndlr, par les réseaux de passeurs)", peut-on lire dans le projet de texte, susceptible encore d'être modifié.

Si le nombre d'arrivées a considérablement diminué, l'immigration est devenue une question majeure du prochain Conseil européen.

L'Union chrétienne-sociale (CSU), membre de la coalition au pouvoir en Allemagne et qui veut durcir la politique migratoire allemande, a fixé à la chancelière Angela Merkel le sommet européen comme date butoir pour trouver un accord sur les questions migratoires avec les membres de l'UE.

Faute d'accord, Berlin devra unilatéralement introduire une disposition l'expulsion à compter de juillet des migrants déjà enregistrés dans un pays de l'UE.

DÉPLACEMENTS SECONDAIRES

Plus de 90% des migrants qui arrivent en Italie, en Grèce et en Espagne y effectuent leur demande d'asile, selon les données de l'agence européenne de surveillance des frontières, Frontex. Mais les migrants se déplacent ensuite souvent vers le nord, comme en Allemagne.

Ce phénomène de "déplacements secondaires" est contraire aux règlements de l'UE mais s'est répandu depuis 2015 avec le pic de la crise migratoire.

Le texte appelle les Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires et à coopérer étroitement pour empêcher les "déplacements secondaires" entre pays de l'UE de demandeurs d'asile, car ces déplacements "mettent grandement en danger l'intégrité du système d'asile".

Les dirigeants de l'UE espèrent ainsi convaincre Rome et Berlin d'accepter un accord sur l'immigration lors du sommet.

"Tant de progrès ont été effectués, nous ne pouvons pas laisser tout tomber maintenant", a déclaré un responsable européen à propos du texte. "Nous devons donner à des pays clés quelque chose pour les garder", a-t-il ajouté.

A défaut d'avoir trouvé un compromis au sein du bloc sur une réforme des lois en matière d'immigration, l'UE a cherché à renforcer ses frontières et a empêché les migrants d'atteindre ses côtes. Des accords ont ainsi été établis avec la Turquie et la Libye et ont entraîné une baisse des arrivées.

Des camps de migrants ont été crées en Libye où ils sont administrés par le gouvernement de Tripoli. L'UE y finance des programmes de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) afin qu'ils aident les migrants à s'installer en Europe légalement ou à retourner chez eux.

(Henri-Pierre André et Jean Terzian pour le service françaisme)