Peu de "revenants" en Europe, mais leur exemple inspire un nombre croissant d'attaques, selon Europol

reuters.com  |   |  435  mots

LA HAYE (Reuters) - Les Européens partis combattre dans les rangs de l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie ou en Irak ne sont pas revenus en grand nombre mais ont inspiré un nombre croissant d'attentats préparés dans des pays européens, a déclaré mercredi l'agence Europol.

L'agence européenne estime que plus de 5.000 ressortissants européens - provenant essentiellement de Grande-Bretagne, de France, d'Allemagne et de Belgique - ont rejoint l'EI dans la zone irako-syrienne.

Quelque 1.500 d'entre eux sont rentrés dans leur pays, un millier ont été tués. Les données relatives aux autres sont parcellaires; un grand nombre auraient été arrêtés sur place, certains auraient gagné la Malaisie, les Philippines ou la Libye, d'autres enfin feraient profil bas dans des pays tiers comme la Turquie.

Mais la vague de "revenants" ne s'est pas produite dans les proportions redoutées, a déclaré Manuel Navarrete, qui dirige le Centre antiterroriste d'Europol (CTC).

Le suivi de ces combattants endurcis par leur expérience syrienne ou irakienne reste cependant la principale préoccupation des services européens de l'antiterrorisme, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à La Haye.

"La menace principale vient des combattants terroristes de l'étranger même si le nombre de ceux qui rentrent est assez faible", a-t-il dit. Leur exemple, ajoute-t-il, inspire en revanche les auteurs d'attentats préparés et commis sur le sol européen, souvent avec des moyens d'action limités (arme blanche, voiture bélier).

Ces attaques plus rudimentaires sont moins meurtrières que celles préparées par des djihadistes revenus des zones où opérait l'EI mais elles sont aussi plus difficiles à déjouer pour les services du renseignement, a précisé Navarrete.

L'an dernier, tandis que les services européens procédaient à plus de 700 arrestations en lien avec le djihadisme, Europol a recensé 205 attentats ou projets déjoués en Europe, plus du double de ceux observés en 2016.

Ces attaques ont fait au total 62 morts, dont les 22 victimes tuées dans l'attentat suicide commis en mai 2017 à la sortie d'un concert d'Ariana Grande à Manchester. Son auteur rentrait précisément de Libye quand la plupart des autres attaques recensées en 2017 étaient le fait d'individus n'étant jamais partis vers des zones de conflit.

Pour autant, l'expérience montre qu'il n'est pas nécessaire d'avoir combattu dans les rangs de l'EI pour commettre une attaque meurtrière. C'était le cas de l'auteur de l'attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, à Nice, qui a fait 86 morts.

(Alissa de Carbonnel; Henri-Pierre André pour le service français)