USA/Immigration : Comment Trump s'est résolu à faire volte-face

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Trump annonce des mesures pour eviter la separation des familles[reuters.com]
(Crédits : Leah Millis)

par Roberta Rampton et Steve Holland

WASHINGTON (Reuters) - En renonçant mercredi, en un spectaculaire revirement, à sa politique impopulaire de séparation des enfants migrants de leurs familles, Donald Trump a cédé à de multiples pressions, notamment de la part de ses proches.

Alors que lundi encore, le président des Etats-Unis jurait de s'en tenir à sa ligne politique en matière d'immigration, il signait mercredi un décret stipulant que les enfants et les parents arrêtés en franchissant illégalement la frontière sud des Etats-Unis seront détenus ensemble le temps de la durée des poursuites. [L8N1TM5RX]

Avant de céder, Donald Trump a d'abord essayé de rejeter la faute sur les démocrates. Il les a accusés de ne pas avoir su travailler avec les républicains sur l'immigration et de vouloir que les immigrants illégaux "envahissent et infestent notre pays".

"Les Etats-Unis ne seront pas un camp de migrants et ne seront pas un centre d'accueil des réfugiés", déclarait-il lundi.

Mais c'était sans compter la pression de ses proches, particulièrement de sa femme, Melania Trump, et de sa fille aînée, Ivanka Trump. Et cela l'a finalement convaincu de reculer, dit-on de source proche du dossier.

Melania et Ivanka Trump lui ont dit toutes les deux lors d'entretiens en privé qu'il avait un problème à résoudre, a déclaré un responsable de la Maison Blanche.

Et comme les images accablantes de la frontière mexicaine faisaient la une des médias, Melania Trump s'est montrée plus explicite. "Cela ne fonctionne pas très bien", a dit l'épouse à son mari.

Le président pouvait le constater en regardant de temps à autre la télévision dans la petite salle à manger adjacente au bureau ovale, indique un de ses proches.

"RÉGLEZ-MOI ÇA"

Amis et alliés y sont également allés de leur coup de téléphone pour inviter le président à régler un problème qui nuisait à son image politique.

"Ce qui était terrible pour lui, a déclaré l'un de ces amis, c'était le fait que tout le monde lui disait en permanence que c'était un problème. Ce n'était pas comme s'il n'avait parlé qu'à une seule personne. C'était tout le monde. Il ne s'est trouvé personne pour dire que ce n'était pas un problème."

C'est mardi soir que Donald Trump a décidé de chercher une solution, en réponse à "l'indignation grandissante des médias", a déclaré un responsable de la Maison Blanche.

Mercredi matin, il a rassemblé ses principaux collaborateurs ainsi que la secrétaire à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen dans le bureau ovale pour discuter du problème et leur dire qu'il voulait le résoudre.

Les participants sont sortis de la réunion avec pour mot d'ordre : "réglez-moi ça", indique-t-on.

"Trouvons un moyen de résoudre cela jusqu'à ce que nous puissions avoir le Congrès. Travaillons et résolvons-le", a déclaré le président toujours.

De source proche du dossier, on indique que le fait que le Congrès n'ait pas pu voter de loi sur le sujet mardi a également incité Trump à changer de position. Un comptage rapide a en effet montré qu'il n'y aurait pas assez de voix pour voter un texte sur l'immigration à la Chambre des représentants, précise-t-on.

Les groupes évangéliques qui soutiennent Trump ainsi que les évêques catholiques ont été parmi les voix les plus importantes dans le choeur des personnes appelant à une solution.

Dans une interview à Reuters mercredi, le pape François a déclaré que les problèmes migratoires ne seraient pas résolus par le populisme.

(Danielle Rouquié pour le service français)