L'Ethiopie licencie cinq responsables pénitentiaires accusés d'abus

reuters.com  |   |  405  mots

ADDIS-ABEBA (Reuters) - L'Ethiopie a licencié cinq hauts responsables de l'administration pénitentiaire peu avant la publication attendue d'un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW) faisant la liste d'acte de torture et autres abus dans une prison de sinistre réputation dans le pays.

Depuis sa prise de fonctions en avril, le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui pour la première fois dans l'histoire du pays est issu de l'ethnie Oromo, a multiplié les réformes radicales.

En annonçant les licenciements mercredi soir à la télévision, le ministre de la Justice Berhanu Tsegaye a déclaré que les remplaçants de ceux qui ont été remerciés devaient respecter les droits conformément à la constitution.

Abiy Ahmed, un ancien général de 41 ans, a déjà remplacé le chef d'état-major au cours des derniers mois ainsi que le patron des renseignements. Les licenciements dans le domaine pénitentiaire interviennent quelques semaines après que le Premier ministre a évoqué devant le Parlement l'étendue des abus dont ont pu se rendre coupables les forces de sécurité.

"La police fouettait. Ceci va à l'encontre de la constitution. Les policiers étaient des terroristes", avait-il dit devant les élus vers la mi-juin.

Les détenus de la prison Ogaden, située dans la région Somali du pays, ont systématiquement subi des abus pendant des années, avec notamment un accès limité à des soins voire à de la nourriture, souligne HRW dans son rapport.

L'ONG ajoute que, dans le but d'entretenir un climat de terreur, les prisonniers étaient déshabillés, battus devant tout le monde et contraints de se livrer à des actes humiliants.

Il y a près de deux semaines, Abiy Ahmed a échappé à un attentat à la grenade lors d'un rassemblement politique à Addis-Abeba, la capitale du pays.

L'Ethiopie est un pays de 100 millions d'habitants, d'une grande diversité ethnique. Les affrontements ont contribué à pousser à la démission en février dernier le Premier ministre Hailemariam Desalegn.

Abiy Ahmed a surpris les Ethiopiens le mois dernier en se déclarant prêt à mettre en oeuvre intégralement l'accord de paix conclu avec l'Erythrée après deux ans d'affrontements, entre 1998 et 2000.

Il a également a promis de mettre en œuvre des réformes politiques et économiques pour désamorcer les tensions ethniques dans la province d'Oromia dont il est originaire.

(Maggie Fick, Benoit Van Overstraeten pour le service français)