Mike Pompeo en Corée du Nord, la position américaine inchangée

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(Crédits : Pool New)

par Hyonhee Shin et John Walcott

SEOUL/WASHINGTON (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo est arrivé vendredi en Corée du Nord pour conclure un premier accord sur les sites nucléaires de Pyongyang à vérifier et tenter d'obtenir la restitution des restes de quelque 200 soldats américains disparus lors de la guerre de Corée entre 1950 et 1953.

Le chef de la diplomatie américaine passera un jour et demi en Corée du Nord, jusqu'à samedi, pour ce troisième voyage à Pyongyang. On ignore s'il verra le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Peu après son arrivée, Mike Pompeo a rencontré pendant près de trois heures Kim Yong-chol, un responsable qui a joué, avec lui, un rôle central dans l'organisation du sommet historique du 12 juin entre le président américain Donald Trump et Kim à Singapour.

Lors du sommet de Singapour, Kim Jong-un s'est engagé à "travailler à la dénucléarisation de la péninsule coréenne" mais n'a pas mentionné ni quand ni comment il pourrait abandonner son programme d'armement nucléaire qui menace les Etats-Unis et leurs alliés.

"Le président m'a dit qu'il croyait que le dirigeant Kim voyait un avenir différent et meilleur pour le peuple nord-coréen. Nous espérons tous les deux que c'est vrai", a déclaré Mike Pompeo sur Twitter après s'être entretenu avec Donald Trump pendant son trajet en avion vers la Corée du Nord.

"Avec ce voyage, je cherche à compléter quelques points concernant ces engagements et à poursuivre le mouvement vers la mise en œuvre de ce que les deux dirigeants se sont promis l'un à l'autre et au monde", a déclaré Mike Pompeo lors d'une brève escale à Tokyo.

DÉNUCLÉARISATION COMPLÈTE

Il a rappelé que Trump et Kim avaient pris des engagements lors de leur sommet à Singapour "sur la dénucléarisation complète de la Corée du Nord".

Avant le sommet de Singapour, Mike Pompeo avait dit que Donald Trump n'accepterait qu'une "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible", exigence résumée par le sigle CVID en anglais.

Mais, après des entretiens dimanche entre l'émissaire américain Sung Kim et ses homologues nord-coréens, le "CVID" semble avoir disparu du lexique du département d'Etat.

Dans des déclarations cette semaine, Pompeo a redéfini l'objectif des Etats-Unis comme "la dénucléarisation définitive, entièrement vérifiée de (la République populaire démocratique de Corée) comme cela a été accepté par le dirigeant Kim."

Pour certains spécialistes, ce changement de vocabulaire représente un assouplissement de la position américaine.

Le département d'Etat a assuré jeudi que les Etats-Unis n'avaient pas assoupli leur position.

"Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Notre politique envers la Corée du Nord n'a pas changé", a déclaré à la presse la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert.

A Pyongyang, où il s'est déjà rendu deux fois avant le sommet de Singapour, Mike Pompeo va tenter de dresser une première liste de sites nucléaires et de stocks pouvant être vérifiés par rapport aux renseignements disponibles, précisent des responsables du renseignement américain.

SOLDATS DISPARUS

Le retour aux Etats-Unis des restes de 200 soldats américains disparus lors de la Guerre de Corée sera également au programme. Donald Trump a déclaré récemment qu'ils avaient été renvoyés, mais il n'y a eu aucune confirmation officielle de la part des autorités militaires.

Ces deux points sont considérés comme des tests essentiels pour déterminer si Kim Jong-un souhaite vraiment négocier, ce que, pour l'instant, les responsables nord-coréens doivent encore démontrer au niveau des négociations de travail, soulignent les responsables du renseignement.

"S'ils sont sérieux, nous pourrons aller jusqu'à définir les termes de la dénucléarisation finale", a déclaré un responsable.

Mais la capacité des Etats-Unis à vérifier l'exactitude de la liste qui pourrait être fournie par Pyongyang est limitée en raison du manque de fiabilité du décompte de son arsenal nucléaire, par exemple en ce qui concerne le nombre d'ogives et de sites d'enrichissement de l'uranium, surtout s'ils ne sont pas opérationnels, indiquent ces spécialistes.

Identifier tous les soldats américains pourrait également s'avérer difficile.

"Jusqu'à ce que nous fassions les tests ADN nécessaires pour vérifier à qui correspondent les restes, et des choses comme s'ils ont mis les restes du même soldat dans plusieurs boîtes ou ont essayé de nous tromper avec des morceaux d'os d'animaux, nous ne saurons pas avec certitude ce qu'ils nous auront rendu", a déclaré un responsable militaire américain spécialisé dans les procédures de traitement des dépouilles des soldats.

Les Nations unis ont par ailleurs annoncé vendredi que Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence, se rendrait du 9 au 12 juillet à Pyongyang, le première visite de ce type depuis 2011.

Plus de dix millions de Nord-Coréens, soit environ 40% de la population de l'Etat communiste, ont besoin d'une assistance humanitaire, précise l'Onu dans un communiqué.

(Avec Lesley Wroughton à Washington et Tom Miles à Genève; Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)