Paris s'attend à un sommet de l'Otan mis sous pression par Trump

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(Crédits : Yves Herman)

PARIS (Reuters) - Un mois après la volte-face américaine au G7, la France s'attend à un sommet de l'Otan sous pression et à l'issue incertaine mercredi et jeudi à Bruxelles, où les relations entre Washington, qui réclame un meilleur "partage du fardeau", et ses alliés pourraient une nouvelle fois être mises à rude épreuve.

"Personne ne sait ce que va dire le président américain, même ses équipes ne le savent pas", confie un diplomate français à deux jours de la rencontre qui se tiendra dans le QG de l'Alliance atlantique. "Il ne faut donc pas surinvestir dans des attentes".

Lors de sa première participation à un sommet de l'Otan en juillet 2017, Donald Trump avait exhorté ses partenaires de l'Alliance atlantique à porter, comme ils s'y sont engagés en 2014, leur budget défense à 2% de leur PIB d'ici 2024.

A l'approche de cette nouvelle rencontre, l'ancien magnat de l'immobilier, qui s'est fait élire sur le slogan "l'Amérique d'abord" a encore fait monter la pression en adressant une lettre de rappel à une dizaine d'Etats membres, dont la Belgique (0,9%) et l'Allemagne (1,2%).

Selon le rapport annuel de l'Otan, l'Estonie, la Grèce, la Pologne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis atteignent les 2% du PIB en matière d'effort de défense et la Lettonie, la Lituanie et la Roumanie devraient à leur tour atteindre ce seuil en 2018. La France devrait atteindre cet objectif en 2025.

"Depuis 2014, des efforts importants ont été consentis et réalisés par l'ensemble des alliés mais il est vrai que des progrès doivent encore être faits", souligne-t-on à l'Elysée. "Ce sommet doit être l'occasion de rappeler que nous sommes en voie de mettre en oeuvre ces objectifs", ajoute-t-on, exprimant l'espoir que le sommet montre avant tout "l'unité des alliés".

SOUS PRESSION

Reste à savoir si cette position suffira à convaincre Donald Trump qui, en l'espace d'un an, a multiplié les décisions unilatérales, de sa sortie de l'accord de Paris sur le climat et de l'accord sur le nucléaire iranien à l'imposition de droits de douane sur l'acier et l'aluminium importés de l'Union européenne.

"Le président des Etats-Unis a laissé planer le doute l'an dernier sur le caractère automatique de la protection que son pays déploierait en cas de menace ou d'attaque contre l'un des alliés de l'Otan", a rappelé la ministre française des Armées Florence Parly dans le JDD.

"Nous n'avons pas besoin d'une division entre les Européens et les Américains", a-t-elle ajouté. "Quand on a des alliés, il faut en prendre soin et leur accorder plus d'attention qu'à d'autres puissances. Le sommet de l'Otan doit être l'occasion de le prouver", à une semaine d'une rencontre à Helsinki entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, farouchement hostile à l'Otan.

"Après le G7, c'est vrai tout le monde attend de voir ce que va faire Donald Trump" et "la succession du sommet de l'Otan et de la rencontre avec Vladimir Poutine augmente encore cette pression", reconnaît-on à l'Elysée.

Pour autant, "le fait qu'il y ait un sommet entre les présidents américain et russe après le sommet de l'Otan n'est en soi pas contradictoire", ajoute-t-on, assurant que les membres de l'Alliance adopteraient une "position claire" et unie sur la question de l'Ukraine.

CHANTAGE A LA SECURITE?

Quant au risque de chantage à la sécurité auquel le président américain pourrait se livrer à Bruxelles, "c'est déjà la réalité", estime-t-on à Paris, où l'on rappelle le lien établi par Donald Trump entre la sécurité intérieure américaine et la nécessité d'imposer des droits de douane.

"Ce débat existe, il a eu lieu et il va continuer à avoir lieu", ajoute-t-on. "Ces arguments n'ont pas été repris au niveau technique et au niveau des contacts préparatoires mais dans les déclarations politiques qui seront faites à Bruxelles, il est possible que (Donald Trump) redise ce qu'il a déjà dit".

Un scénario conforté quelques heures plus tard par Donald Trump qui a jugé sur Twitter "inacceptable" le fait que les Etats-Unis soient le plus gros contributeur d'une alliance militaire qui bénéficie selon lui davantage à l'Europe qu'à Washington.

"Et pour couronner le tout, l'Union européenne affiche un excédent commercial de 151 milliards de dollars avec les Etats-Unis avec des barrières commerciales sur les biens américains. NON !", a-t-il ajouté.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)