Le gouvernement toujours muet sur l'emploi public

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Le gouvernement toujours muet sur l'emploi public[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement a laissé sa majorité comme l'opposition sur leur faim jeudi en s'abstenant d'entrer dans le détail des économies envisagées, notamment sous forme de suppressions d'emplois, pour tenir ses objectifs de maîtrise des dépenses publiques.

Les ministres de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire et de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin se sont contentés de réaffirmer ces objectifs légèrement amendés lors du débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée nationale.

Mais le document recensant les crédits alloués aux ministères pour 2019 n'intègre aucun impact sur les effectifs de la fonction publique alors que l'exécutif doit passer à la vitesse supérieure s'il veut tenir le cap des 120.000 suppressions de postes sur le quinquennat - dont 50.000 dans les services de l'Etat - après seulement 1.600 en 2018.

"Nous ne savons pratiquement rien de votre programme d'économies", a déploré le président LR de la commission des Finances de l'Assemblée Eric Woerth.

Le rapporteur général du budget, le député des Hautes-Alpes Joël Giraud, avait exprimé la même frustration à la veille du débat tout en reconnaissant qu'il faudrait attendre pour en savoir plus les premières annonces du processus de "transformation de l'action publique" attendues maintenant dans les semaines qui viennent.

En attendant, Bruno Le Maire a maintenu la prévision, relevée au début du printemps, de croissance de 2% de l'économie française pour 2018 et 2019.

S'il a reconnu que l'économie avait connu un "fléchissement conjoncturel" en début d'année, le ministre a indiqué que les enquêtes sur le climat des affaires restaient à un niveau élevé et que Bercy attendrait la présentation du projet de loi de Finances 2019 fin septembre pour amender éventuellement son scénario.

DYNAMIQUE VERTUEUSE

La Commission européenne a revu en baisse jeudi ses prévisions de croissance pour l'économie française à 1,7% cette année - comme le prévoit déjà l'Insee - et autant l'an prochain.

Gérald Darmanin n'est pas non plus entré dans le détail quand il a promis que le gouvernement poursuivrait "la dynamique vertueuse 'moins de dépenses, moins de déficit et moins de dette' en (se) donnant les moyens d'y parvenir".

Il a indiqué que le rythme de progression des dépenses publiques devrait être l'an prochain entre 0,4% et 0,5% hors inflation, soit moitié moins qu'en 2018 et trois fois moins qu'en 2017, soulignant au passage qu'"aucune dérive budgétaire sur aucun poste de l'Etat" n'était à constater pour le moment sur l'exécution du budget en cours.

La répartition des crédits par ministère pour 2019 confirme globalement, à 600 millions d'euros près, l'évolution prévue dans la loi de programmation des finances publiques votée en même temps que la loi de finances 2018.

Les ministères privilégiés sont la défense (+1,7 milliard d'euros) , la solidarité et l'insertion (+1,3 milliard), et l'enseignement scolaire (+750 millions).

A l'inverse, les crédits du ministère du Travail diminueront de 2,1 milliards, du fait principalement d'une nouvelle baisse des contrats aidés, et ceux de la Cohésion des territoires de 1,2 milliard en raison pour l'essentiel d'une réforme des aides publiques au logement qui seront désormais basés sur les revenus du moment et non plus des années précédentes.

Le gouvernement table dorénavant sur un déficit public à 2,3% du PIB (contre 2,4% auparavant), stable par rapport à celui attendu en 2018, après 2,6% en 2017.

(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)