Nouvelle confrontation italo-maltaise sur le sort de 450 migrants

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Nouvelle confrontation italo-maltaise sur le sort de 450 migrants[reuters.com]
(Crédits : Stefano Rellandini)

par Steve Scherer et Gavin Jones

ROME (Reuters) - Rome a de nouveau sommé en vain vendredi les autorités maltaises d'accueillir un bateau surchargé de réfugiés et de clandestins, quelques heures après l'intervention du président italien pour mettre fin à un différend au sein de la coalition gouvernementale au sujet de migrants secourus en Méditerranée.

Deux confrontations similaires ont déjà eu lieu avec Malte depuis que le gouvernement formé par la Ligue, parti d'extrême droite, et les contestataires du Mouvement 5 étoiles (M5S) a pris ses fonctions le 1er juin.

"Depuis ce matin, un grand bateau avec 450 immigrants clandestins à bord se trouve dans des eaux patrouillées par Malte, qui en a la responsabilité", écrit sur Facebook le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui est également chef de file de la Ligue. "Mais, après plusieurs heures, personne n'a bougé et le bateau se dirige à nouveau vers l'Italie (...) Ce bateau ne peut pas et ne doit pas y arriver", ajoute-t-il.

Son collègue des Transports, Danilo Toninelli, qui appartient au M5S, a également sommé Malte d'agir.

"Selon la loi maritime, c'est Malte qui doit envoyer ses navires et ouvrir ses ports", dit-il sur Twitter. "Notre garde-côtière peut agir, si nécessaire, pour apporter son soutien, mais Malte doit immédiatement faire son devoir".

Le gouvernement maltais a répondu par une fin de non-recevoir. "Lorsqu'elles ont été contactées, les personnes à bord du navire ont informé Malte que leur intention était de se rendre à Lampedusa", dit-il dans un communiqué.

"Malte a contrôlé le navire afin d'assurer une assistance immédiate en cas de besoin. Le navire se trouve maintenant dans les eaux territoriales italiennes. Malte a satisfait à toutes les obligations découlant des conventions internationales applicables en matière de coordination des opérations de recherche et de sauvetage", ajoute-t-il.

"STUPÉFACTION"

Le président italien Sergio Mattarella, dont la fonction est essentiellement protocolaire, était auparavant intervenu dans un différend entre Matteo Salvini et Danilo Toninelli au sujet de migrants secourus en Méditerranée, qui ont finalement été autorisés à débarquer dans le port sicilien de Trapani.

Le chef de l'Etat a téléphoné tard jeudi soir au président du Conseil Giuseppe Conte pour s'inquiéter du sort de 67 migrants secourus lundi au large de la Libye par un navire italien chargé du ravitaillement des plates-formes pétrolières, le Vos Thalassa, puis transférés à bord d'un patrouilleur de la garde-côte italienne, le Diciotti.

Jeudi, Danilo Toninelli avait accepté que le Diciotti accoste à Trapani, dans l'ouest de la Sicile.

Matteo Salvini refusait toutefois que les migrants débarquent, disant vouloir attendre les conclusions d'une enquête sur des incidents entre certains d'entre eux et l'équipage du Vos Thalassa, affrontements qui auraient motivé leur transfert sur le navire de la garde-côte italienne.

Après l'appel téléphonique de Mattarella, Giuseppe Conte, proche du M5S, a ordonné que les migrants soient autorisés à débarquer à Trapani.

Matteo Salvini a regretté cette décision et a même fait part de sa "stupéfaction". Quelqu'un "DOIT PAYER" si les migrants ont été violents à bord du Vos Thalassa, a-t-il écrit vendredi sur Twitter.

"Je n'autoriserai pas (leur débarquement). Si quelqu'un le fait à ma place, il en assumera la responsabilité judiciaire, morale et politique", avait-il affirmé jeudi à l'issue d'un conseil des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne à Innsbruck, en Autriche.

Le dirigeant du M5S, Luigi Di Maio, également ministre du Travail, a déclaré vendredi qu'il fallait "respecter" le président de la République.

(Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)