Rabat : Marche pour la libération des militants du Rif emprisonnés

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Rabat: manifestation pour la liberation des militants du rif en detention[reuters.com]
(Crédits : Youssef Boudlal)

RABAT (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers de personnes, selon les organisateurs de la marche, ont manifesté dimanche dans les rues de la capitale marocaine, Rabat, contre la condamnation à des peines de prison des meneurs du mouvement de contestation de la région du Rif.

Brandissant des portraits des militants en détention et agitant des drapeaux aux couleurs berbères bleu, vert, jaune et rouge, les manifestants ont scandé "Liberté, dignité et justice sociale!", "Vive le Rif!" et "Le peuple veut la libération immédiate des détenus du Rif!"

Un tribunal de Casablanca a condamné en juin 39 personnes, dont le chef de la contestation, Nasser Zefzafi, à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison en lien avec un mouvement de contestation qui a ébranlé le Maroc à la fin 2016 et au début 2017.

Les manifestations ont éclaté après la mort d'un poissonnier qui est mort broyé à l'intérieur d'une benne à ordures où il tentait de récupérer des poissons qu'avait confisqués la police, en octobre 2016 à Al Hoceima, une ville du nord du royaume.

Les personnes incarcérées et leurs familles avaient appelé à cette marche dimanche, qui a rassemblé des sympathisants d'associations berbères, des partis de l'opposition de gauche, des militants des droits de l'homme et des partisans du mouvement islamiste interdit Al Adl wal Ihsan.

"Nous allons poursuivre nos manifestations jusqu'à la libération de nos fils", a dit à Reuters la mère de Nasser Zefzafi, Zoulikha.

LE PÈRE DE ZEFZAFI S'ADRESSE AUX MANIFESTANTS

S'adressant à une foule évaluée par des militants à au moins 30.000 personnes, le père de Nasser Zefzafi, Ahmed, a invoqué les doléances des habitants du Rif et leur sentiment d'être marginalisés, et a dénoncé un verdict politique.

"Le Rif unit le Maroc dans cette marche", a-t-il ajouté.

Les autorités marocaines ont estimé que 6.000 à 8.000 des manifestants présents à la marche de Rabat étaient des sympathisants d'Al Adl wal Ihsan. Elles n'ont en revanche pas donné de chiffre global de participation au rassemblement.

Les manifestations à Al Hoceima, ainsi que celles du début 2018 dans la ville minière de Jerada, ont représenté l'agitation la plus importante au Maroc depuis les manifestations du "printemps arabe" en 2011, qui avaient conduit le roi Mohamed VI à concéder certaines de ses prérogatives à un parlement élu.

Après les manifestations dans le Rif, le roi a limogé trois ministres et plusieurs autres responsables, pour manque de progrès dans un plan de développement dans cette région.

Ahmed Dgherni, l'un des fondateurs du mouvement berbère, a estimé que la manifestation de Rabat était "un référendum populaire qui a rassemblé des tendances politiques différentes" en faveur de la cause de la liberté.

L'un des responsables d'Al Adl wal-Ihsan, Omar Amkasso, a dit quant à lui que la marche visait "à réclamer la libération immédiate des militants et le développement des régions marginalisées du Maroc".

(Ahmed Eljechtimi; Eric Faye pour le service français)