Macron tente de déminer le terrain social

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(Crédits : Pool New)

par Caroline Pailliez

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron réunit mardi les partenaires sociaux pour tenter de déminer le terrain social après avoir envoyé des signaux de son attachement au paritarisme bien accueillis par certaines centrales syndicales, qui espèrent être mieux entendues.

Officiellement, l'objet de cette rencontre est de discuter des grands chantiers économiques et sociaux qui seront mis en oeuvre dans les prochains mois.

Mais les organisations syndicales espèrent un changement de méthode de la part de l'exécutif. Plusieurs d'entre elles, dont Force ouvrière et la CFDT, avaient demandé ce rendez-vous et en avaient fait une condition pour renouer un dialogue rompu depuis les réformes du Code du travail, de la formation professionnelle et de l'assurance chômage.

"J'espère qu'il y aura un avant et un après 17 juillet", a dit à Reuters le secrétaire général de FO, Pascal Pavageau. "Depuis un an, c'est : 'je marche seul, je décide tout seul, sans les contrepoids, les contrepouvoirs'."

"J'espère sincèrement que, sur la méthode, tout va rentrer dans l'ordre. Ça n'enlèvera rien des désaccords de fond, d'orientation et de politique mais ça permettra au moins de reparler entre l'exécutif et les interlocuteurs sociaux."

Le secrétaire général de la CFDT note pour sa part déjà un changement de ton de l'exécutif, depuis le discours d'Emmanuel Macron devant le Parlement réuni en congrès le 9 juillet.

"Si je me fie au discours du Congrès, j'entends une prise de conscience que la question sociale ne peut être maltraitée et il me semble qu'il y a le souci d'écouter un peu plus les organisations ... Alors je dis 'chiche'", dit Laurent Berger dans une interview publiée lundi par L'Opinion.

FO NE VEUT PAS SIGNER UN CONTRAT SOCIAL

Selon une source à l'Elysée, le chef de l'Etat abordera avec ses interlocuteurs les réformes déjà engagées, pour voir comment ils peuvent se saisir des "leviers mis à leur disposition", en matière de négociation d'entreprise et de branche, notamment.

Il évoquera également les thèmes que les uns et les autres souhaitent aborder dans l'année à venir et rappellera "ses priorités" : "La pauvreté, la lutte contre la précarité et la pénurie de recrutement qu'on voit poindre aujourd'hui et le sujet du retour à l'activité et à l'emploi."

Le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, fixeront plus tard un agenda social avec les organisations patronales et syndicales.

Pour l'ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy Raymond Soubie, Emmanuel Macron, dont la cote de popularité a fortement chuté, veut se montrer plus conciliant avec les partenaires sociaux alors qu'il s'apprête à engager de nouvelles réformes potentiellement explosives, comme celle des retraites.

"Le discours du Congrès essaie de réagir à des critiques, à savoir qu'il ne serait pas assez sur le terrain social (...) et à la critique qu'il ne tient pas assez compte des partenaires sociaux", explique le président de la société de conseil Alixio.

C'est aussi pourquoi, selon lui, le chef de l'Etat a annoncé l'ouverture d'une nouvelle négociation sur l'assurance chômage pour traiter la question de l'emploi précaire.

Autre geste : le gouvernement évoque la possibilité d'instaurer une allocation chômage longue durée pour les personnes sans emploi depuis plus de deux ans.

"Le gouvernement montre qu'il souhaite que le régime paritaire continue à exister, que les partenaires sociaux puissent continuer à négocier", souligne Raymond Soubie.

Les syndicats se montrent toutefois vigilants.

"Il ne faut pas pas passer d'un extrême à l'autre", dit ainsi Pascal Pavageau. "On n'est pas là pour signer un contrat social mais pour parler du modèle social."

(avec Jean-Baptiste Vey, édité par Emmanuel Jarry et Yves Clarisse)