La crise à la tête de Thyssenkrupp ravive l'espoir d'une réorganisation

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La crise a la tete de thyssenkrupp ravive l'espoir d'une reorganisation[reuters.com]
(Crédits : Arnd Wiegmann)

par Tom Käckenhoff, Douglas Busvine et Edward Taylor

FRANCFORT (Reuters) - L'action Thyssenkrupp monte mardi en Bourse au lendemain de la démission du président du conseil de surveillance, laissant les analystes espérer une profonde restructuration du conglomérat industriel allemand.

Le titre prend 7,6% à 22,17 euros à 9h15 GMT à la Bourse de Francfort, meilleure performance du Dax et de l'indice paneuropéen EuroFirst 300 et deuxième plus forte hausse du Stoxx 600.

Ulrich Lehner, 72 ans, a informé lundi le conseil de surveillance qu'il n'était plus en mesure de protéger les intérêts des salariés et des actionnaires, accentuant ainsi la crise de gouvernance au sein du conglomérat après la démission il y a un peu plus d'une semaine du président du directoire Heinrich Hiesinger.

"Le langage sans ambages de la lettre de démission du Dr Lehner laisse clairement entendre qu'une restructuration énergique pourrait être à l'ordre du jour, soutenant notre objectif de cours de 33 euros par action", a déclaré Seth Rosenfeld, analyste chez Jefferies. "Il est évident que Thyssenkrupp est à la croisée des chemins."

Ulrich Lehner, dont la démission sera effective le 31 juillet, a fait savoir qu'il ne bénéficiait plus d'un soutien suffisant pour développer l'entreprise dans l'intérêt de ses clients, salariés et actionnaires.

"Je prends cette décision en connaissance de cause pour permettre une discussion indispensable avec nos actionnaires sur l'avenir de Thyssenkrupp", a-t-il déclaré. "Un démantèlement de l'entreprise et la suppression de nombreux emplois à la clé sont hors de question."

Ulrich Lehner et Heinrich Hiesinger ont mené de longues négociations qui ont abouti à un accord historique sur la création d'une coentreprise avec le sidérurgiste indien Tata Steel conclu le 30 juin, mais les fonds activistes réclament de nouvelles mesures de restructuration en profondeur afin de doper la performance des différentes activités du groupe.

Heinrich Hiesinger s'est engagé dans une restructuration mais n'a pas réussi à obtenir le soutien unanime de certains actionnaires de Thyssenkrupp.

Thyssenkrupp a nommé Guido Kerkhoff comme président du directoire par intérim, mais le départ d'Heinrich Hiesinger soulève des questions essentielles: le conglomérat ne se considère pas seulement comme une entreprise à but lucratif et entend préserver l'héritage de sa famille fondatrice ainsi que les emplois de ses 158.000 salariés.

On considère généralement que l'activité de négoce de Thyssenkrupp est bien placée pour être vendue, placée dans une coentreprise ou introduite en Bourse.

Ce n'est pas suffisant pour les activistes alors que Thyssenkrupp considère que certaines divisions, comme les ascenseurs, constituent une partie essentielle du groupe.

"Je respecte la décision de Lehner mais je la regrette", a déclaré Wilhelm Segerath, président du comité d'entreprise de ThyssenKrupp, haut placé dans la hiérarchie du syndicat IG Metall.

La moitié des sièges du conseil de surveillance de ThyssenKrupp est détenue par des délégués du personnel, qui ont le pouvoir, aux côtés de la fondation Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, de bloquer toute tentative de restructuration radicale.

Wilhelm Segerath a invité les principaux actionnaires à travailler ensemble pour développer Thyssenkrupp. "Il ne peut y avoir aucun démantèlement de l'entreprise", a-t-il déclaré à Reuters.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)