COR-Des "dérives individuelles" dans l'affaire Benalla, selon le préfet

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Des derives individuelles dans l'affaire benalla[reuters.com]
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PARIS (Reuters) - (Supprime mention erronée du lieu des réunions §17)

Le préfet de police a imputé lundi l'affaire Benalla, du nom d'un ex-collaborateur d'Emmanuel Macron accusé d'avoir commis des violences à Paris le 1er mai, à des "dérives individuelles inacceptables (...) sur fond de copinage malsain".

Michel Delpuech a livré sa version des événements survenus le 1er mai devant la commission des Lois de l'Assemblée, dotée de pouvoirs d'enquête, laquelle a préalablement auditionné le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.

"Fondamentalement, ces événements résultent de dérives individuelles inacceptables, condamnables sur fond de copinage malsain", a-t-il déclaré.

Selon lui, ce n'était pas à lui qu'appartenait de sanctionner Alexandre Benalla ni de saisir la justice, mais plutôt à la présidence de la République, dont relevait Alexandre Benalla, alors chef de cabinet adjoint.

C'est d'ailleurs un conseiller de l'Elysée, a-t-il dit, qui lui a signalé, le 2 mai au matin, l'existence d'une vidéo montrant le chargé de mission, coiffé d'un casque de police et entouré de CRS, malmener deux manifestants sur la place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de Paris.

"J'ai été informé de cette affaire par le palais de l'Elysée, je me suis retourné vers le ministère de l'Intérieur, le cabinet, qui m'a dit qu'ils étaient déjà informés et qu'ils traitaient ça avec l'Elysée", a déclaré Michel Delpuech.

"Partant du moment et du constat que le dossier était pris à ce niveau, j'ai considéré qu'il relevait de l'initiative du responsable hiérarchique", a-t-il poursuivi, qualifiant le cabinet présidentiel de "niveau hiérarchique pertinent".

Alexandre Benalla a été mis à pied 15 jours avec suspension de salaire, une punition jugée trop légère par l'opposition.

"AUCUNE AUTORISATION"

Selon le préfet de police, de nombreux responsables ont pris connaissance au fil des jours de la vidéo du 1er-Mai et auraient théoriquement pu saisir la justice en vertu de l'article 40 du Code de procédure pénale.

"Si les violences policières (...) avaient été le fait de fonctionnaires de police, bien évidemment que l'IGPN (la police des polices-NDLR) aurait été saisie", a-t-il encore dit. "Mais l'IGPN n'est pas compétente pour des personnes qui ne relèvent pas de la police nationale."

Durant son audition, Gérard Collomb a lui aussi rejeté toute responsabilité en affirmant que c'était à la préfecture et à l'Elysée de trancher.

Devant les députés, Michel Delpuech a également dit ne pas avoir personnellement autorisé Alexandre Benalla à se mêler aux forces de l'ordre le 1er mai et avoir découvert "avec surprise" sa présence lors d'une réunion organisée ce soir-là en présence du ministre de l'Intérieur.

"M. Alexandre Benalla ne bénéficiait d'aucune autorisation de la préfecture de police pour être sur cette manifestation", a renchéri devant la commission parlementaire Alain Gibelin, directeur de l'ordre public et de la circulation de la préfecture.

Alexandre Benalla, dont la venue aux manifestations a été organisée par un contrôleur général de la préfecture mis en examen depuis, s'était enquis en des termes vagues auprès d'Alain Gibelin de la possibilité d'être associé à une opération de maintien de l'ordre en tant qu'observateur au cours d'une réunion de travail à l'Elysée "quinze jours auparavant".

Alain Gibelin a dit lundi devant les députés avoir informé Alexandre Benalla de la nécessité d'une autorisation formelle du préfet.

En réponse à une question de la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, il a fait état en outre de la présence du collaborateur à des réunions avec la préfecture entre le 2 et le 18 mai, période correspondant à quelques jours près à la suspension de deux semaines annoncée par l'Elysée.

"La sanction prise à l'encontre de M. Benalla à aucun moment n'a été portée à ma connaissance ni à celle de mes collaborateurs", a déclaré Alain Gibelin.

Michel Delpuech doit de nouveau s'exprimer mercredi, cette fois devant la commission des Lois du Sénat, elle aussi constituée en commission d'enquête, tout comme le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strozda, qui était attendu dès mardi après-midi à l'Assemblée.

(Simon Carraud et Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)