Ankara relève les droits de douane sur certaines importations US

reuters.com  |   |  642  mots
Ankara releve les droits de douane sur certaines importations us[reuters.com]
(Crédits : Brian Snyder)

par Daren Butler, Humeyra Pamuk et Jeff Mason

ISTANBUL/WASHINGTON (Reuters) - La Turquie a doublé les droits de douane qu'elle exige pour l'importation de plusieurs catégories de produits américains, voitures, alcool et tabac, notamment, annonce mercredi le journal officiel.

Ce décret signé par le président Recep Tayyip Erdogan, relève les droits de douane à 120% sur les véhicules de tourisme, à 140% sur les boissons alcoolisées et à 60% sur les feuilles de tabac.

Des hausses sont également prévues pour d'autres produits tels que les cosmétiques, le riz et le charbon.

Le vice-président Fuat Oktay a justifié sur Twitter ces mesures au nom du "principe de réciprocité, en réponse aux attaques délibérées commises par le gouvernement américain contre l'économie turque".

Washington a instauré des sanctions financières contre les ministres turcs de la Justice et de l'Intérieur en raison de leur implication dans l'arrestation et l'emprisonnement du pasteur Andrew Brunson.

Brunson, placé depuis en résidence surveillée, doit être jugé pour terrorisme. La justice turque a rejeté sa demande de libération et de levée de son interdiction de quitter le territoire turc, a annoncé son avocat mercredi à Reuters.

Après avoir passé près de 20 mois dans une prison turque, Andrew Brunson a été assigné à résidence en juillet par un tribunal. Depuis lors, Donald Trump et son vice-président Mike Pence ont appelé à plusieurs reprises à sa libération. Ankara a déclaré que la décision incombait aux tribunaux.

Le président américain a par ailleurs annoncé vendredi dernier un doublement des droits de douane sur l'acier et l'aluminium turcs importés aux Etats-Unis, affirmant que les relations avec Ankara n'étaient "pas bonnes en ce moment".

MESURE DE RÉTORSION

La Maison blanche a condamné mercredi la décision du gouvernement turc qualifiant celle-ci de "regrettable et de pas dans la mauvaise direction".

Ankara "ferait mieux de ne pas tester la détermination du président Trump à voir les Américains injustement emprisonnés dans des pays étrangers revenir chez eux aux Etats-Unis", a écrit le vice-président Mike Pence sur Twitter.

La porte-parole de la présidence américaine, Sarah Sanders, a expliqué que "les droits de douane sur l'acier ne seront pas levés avec la libération du pasteur Brunson. Ces droits sont spécifiques à la sécurité nationale".

"En revanche, les sanctions qui ont été prises contre la Turquie sont particulières au pasteur Brunson et à d'autres que nous considérons détenus injustement", a-t-elle ajouté.

La Maison blanche précise qu'elle suit avec attention la situation économique en Turquie et la chute de la livre turque, deux problèmes qui, selon elle, existent depuis longtemps et ne sont pas le résultat d'initiatives américaines.

La Turquie est prête à discuter avec les Etats-Unis mais sans menaces, a annoncé mercredi soir le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.

Le contentieux entre Ankara et Washington a accentué la chute de la livre turque sur les marchés des changes, conduisant la banque centrale à annoncer un plan de soutien de la devise nationale.

Depuis le début de l'année, la livre a perdu plus de 40% par rapport au dollar. Les marchés s'inquiètent notamment de l'influence qu'Erdogan exerce sur la politique monétaire turque, en particulier son rejet d'une hausse des taux d'intérêt jugée pourtant nécessaire pour juguler l'inflation.

La livre, après avoir rebondi de 8% dans la journée de mardi, est repartie à la baisse, s'échangeant mercredi soir à 5,90 pour un dollar contre 6,3577 la veille.

Erdogan, qui juge que la Turquie est la cible d'une guerre économique, a annoncé mardi que la Turquie allait boycotter les produits électroniques américains.

(Delame, Henri-Pierre André et Jean Terzian pour le service français)