L'Italie entre état de choc et colère après la catastrophe de Gênes

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Trois francais tues dans la catastrophe de genes[reuters.com]
(Crédits : Stefano Rellandini)

par Stefano Rellandini

GÊNES, Italie (Reuters) - Au lendemain de l'effondrement du pont autoroutier de Gênes qui a fait au moins 39 morts et 16 blessés, le gouvernement italien a réclamé mercredi la démission des dirigeants de l'entreprise gestionnaire de l'autoroute A10 et lancé une procédure de révocation du contrat de concession.

Le pont Morandi, construit à la fin des années 1960, s'est rompu sur une longueur de 80 mètres mardi en fin de matinée alors qu'un violent orage s'abattait sur la capitale de la Ligurie.

Plus d'une trentaine de véhicules ont basculé dans le vide et des blocs de béton se sont abattus sur une voie ferrée, des entrepôts et une rivière à cinquante mètres en contrebas.

Les opérations de secours se sont poursuivies toute la nuit à la lumière des projecteurs. Quelque 400 pompiers participent aux recherches dans les décombres du viaduc.

Le dernier bilan en date, communiqué mercredi midi par la police italienne, fait état d'au moins 39 morts et 16 blessés. Trois ressortissants français ont perdu la vie dans l'accident, a annoncé le Quai d'Orsay.

"LES DIRIGEANTS D'AUTOSTRADE PER L'ITALIA

DOIVENT DÉMISSIONNER"

Le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli, a annoncé mercredi matin un audit général des ponts et des tunnels vieillissants dans toute l'Italie. Il a également déclaré avoir lancé une procédure de retrait de la concession autoroutière accordée à la société Autostrade per l'Italia, filiale du groupe Atlantia.

"Autostrade per l'Italia n'a pas été capable d'assumer ses obligations dans le cadre de l'accord régulant la gestion de cette infrastructure", a-t-il dit sur l'antenne de la RAI.

L'Etat réclamera également des sanctions significatives, a-t-il dit, ajoutant qu'elles pourraient atteindre les 150 millions d'euros.

"Avant tout, la haute direction d'Autostrade per l'Italia doit démissionner", a-t-il par ailleurs écrit sur sa page Facebook.

Matteo Salvini, le ministre de l'Intérieur et vice-président du Conseil, a affirmé pour sa part que le gestionnaire du viaduc autoroutier avait gagné des "milliards d'euros" de droits de péage mais n'avait pas dépensé les sommes nécessaires.

"Imposer les plus hautes sanctions possibles et nous assurer que les responsables de ces morts et de ces blessés paieront pour les dégâts et crimes, c'est vraiment le moindre qu'on puisse faire", a ajouté le chef de la Ligue, le parti d'extrême droite qui gouverne l'Italie dans le cadre d'une coalition avec les antisystèmes du Mouvement 5 Etoiles.

Dans un communiqué, la société Autostrade per l'Italia s'est défendue mercredi en affirmant que le pont Morandi faisait l'objet de contrôles trimestriels, ainsi que l'exige la loi. Des vérifications supplémentaires au moyen d'équipements sophistiques ont été menées et des experts extérieurs consultés, ajoute l'entreprise.

Mardi, le directeur d'Autostrade per Italia pour la région de Gênes, Stefano Marigliani, avait assuré que le pont était "constamment surveillé, bien au-delà des exigences légales" et qu'il n'y avait "aucune raison de penser qu'il était dangereux".

L'autoroute A10 relie Gênes à la France.

Parallèlement au choc de la catastrophe, un débat s'est installé en Italie sur les circonstances de l'effondrement de ce viaduc inauguré en 1967 et sur sa capacité à absorber l'augmentation du trafic routier observé ces dernières années.

D'importants travaux de rénovation ont été menés en 2016 sur l'ouvrage, d'une longueur totale de 1.200 mètres.

(avec Mark Bendeich, Valentina Za et Stefano Bernabei à Milan; Henri-Pierre André et Arthur Connan pour le service français, édité par Tangi Salaün)