Air France : La nomination évoquée du Canadien Smith irrite les syndicats

reuters.com  |   |  506  mots
Air france: la nomination evoquee de smith irrite les syndicats[reuters.com]
(Crédits : Clodagh Kilcoyne)

PARIS (Reuters) - Les syndicats d'Air France s'irritent d'une possible nomination du numéro deux d'Air Canada à la tête d'Air France-KLM, après que plusieurs médias ont évoqué l'annonce imminente de sa désignation par le conseil d'administration du groupe aérien franco-néerlandais.

Les administrateurs d'Air France-KLM doivent se réunir jeudi pour approuver le choix de Benjamin Smith, ont rapporté mercredi Les Echos et La Tribune, faisant écho à une information de Libération la veille.

Un porte-parole d'Air France-KLM s'est refusé à tout commentaire, réaffirmant seulement que le processus est toujours en cours.

Le ministère de l'Economie s'est aussi refusé à tout commentaire. L'Etat français détient 14% du capital d'Air France-KLM.

"Le conseil d'administration d'AF-KLM joue toujours la politique du pire (...) là, il livrerait les clefs d'AF aux Américains ?", a déclaré sur Twitter Philippe Evain, le président du Syndical national des pilotes de ligne (SNPL), principal syndicat de pilotes d'Air France.

Le syndicat Force ouvrière des personnels au sol d'Air France s'agace de son côté de la rémunération que percevrait Benjamin Smith, qui pourrait atteindre selon Libération 3,3 millions d'euros par an, plus que son prédécesseur Jean-Marc Janaillac.

"Pour fêter les 85 ans d'Air France, le conseil d'administration d'AF-KLM (selon la presse) s'apprête à nommer à sa tête un Nord-Américain avec une augmentation de 300%, bien qu'il n'ait encore rien démontré", écrit FO Air France sur son compte Twitter.

Dans une tribune au Journal du Dimanche, Paul Farges, représentant des pilotes actionnaires au conseil d'administration d'Air France-KLM, s'était déjà étonné du choix d'un candidat canadien et avait appelé la France à défendre ses intérêts nationaux.

Si Benjamin Smith était nommé à la tête du groupe, ce serait la première fois qu'Air France-KLM aurait un patron non français et, de plus, non européen.

Benjamin Smith, qui maîtrise la langue française, est actuellement directeur de l'exploitation d'Air Canada, où il est entré en 2002, et membre du comité exécutif depuis 2007. Il s'est taillé une réputation de négociateur hors pair en parvenant à signer avec les personnels navigants les accords sur la filiale low cost Air Canada Rouge en 2015.

"Si vous cherchez quelqu'un pour gérer les pilotes, c'est un bon choix", a estimé une source industrielle, en ajoutant que Benjamin Smith avait personnellement pris en main les pourparlers pour ramener les syndicats d'Air Canada à la table des négociations.

La nomination d'un Nord-Américain lèverait un tabou à la tête d'Air France-KLM, un groupe de plus en plus mondialisé après l'entrée à son capital il y a un an de la compagnie américaine Delta Air Lines et de China Eastern.

En Bourse, l'action Air France-KLM a clôturé mercredi en tête de l'indice SBF 120, avec un gain de 1,59% à 8,92 euros, soutenue par la perspective d'une fin prochaine des incertitudes sur la gouvernance du groupe.

(Sarah White, Julie Carriat, Victoria Bryan et Dominique Rodriguez, édité par Benoît Van Overstraeten)