Large victoire et défis entiers pour le président malien IBK

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Mali: le president ibrahim boubacar keita reelu avec 67% des voix[reuters.com]
(Crédits : Luc Gnago)

par Tiemoko Diallo et Fadimata Kontao

BAMAKO (Reuters) - Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a été largement réélu face à son rival Soumaïla Cissé, a annoncé le gouvernement jeudi, ce qui lui laisse cinq années supplémentaires pour tenter de venir à bout des violences islamistes ou ethniques et pour relancer l'économie.

Ibrahim Boubacar Keïta ("IBK") a recueilli 67% des suffrages au second tour de l'élection présidentielle qui s'est tenu dimanche, a déclaré le ministère de l'Administration territoriale.

Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances, avait dénoncé dès lundi des fraudes électorales et appelé ses partisans à ne pas reconnaître la victoire attendue d'IBK.

Le chef de l'Etat sortant ne bénéficiera en tout état de cause pas de période de grâce face à l'intensification des violences d'origines islamistes ou ethniques qui ont secoué le Mali ces derniers mois, en particulier dans la région centrale de Mopti.

La résurgence des groupes djihadistes malgré la présence des soldats français de la force Barkhane et des casques bleus de l'Onu est une source d'inquiétude à Bamako mais aussi dans les autres pays de la région et en Europe alors que celle-ci se déchire déjà autour de la crise des migrants.

Le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, a félicité par téléphone le président réélu, a fait savoir l'Elysée.

Il a réitéré à cette occasion "l'engagement de la France à se tenir aux côtés des autorités et du peuple malien pour surmonter le défi de la lutte contre le terrorisme et favoriser l'investissement et le développement économique", peut-on lire dans un communiqué de la présidence française.

Quelque 500 bureaux de vote, soit environ 2%, sont restés fermés dimanche en raison de menaces des groupes islamistes, a précisé le ministère de l'Administration territoriale. Un responsable électoral a été tué le jour du scrutin dans la région de Tombouctou.

FAIBLE PARTICIPATION

La situation sécuritaire et l'absence de suspense (IBK était arrivé nettement en tête au premier tour) ont découragé de nombreux Maliens de voter. Le taux de participation ne s'est élevé qu'à 34%, soit 2,7 millions d'électeurs.

Des partisans d'Ibrahim Boubacar Keïta n'en ont pas moins fêté la victoire de leur candidat jeudi après l'annonce du résultat à la télévision d'Etat.

"Il n'y a rien à redire, l'écart est énorme, l'opposition doit comprendre qu'il n'y a pas photo", se réjouissait Tambours Adizatou Sogoba, présent devant le QG de campagne d'IBK à Bamako. "Il a cinq ans de plus, il va faire du Mali un pays émergent."

Non loin de là, quelques dizaines d'opposants étaient rassemblés devant le QG de Soumaïla Cissé, certains brandissant des pancartes où était écrit "respectez le vote des Maliens" ou d'autres slogans dénonçant les fraudes présumées.

"Le résultat ne reflète pas la vérité des urnes, il ne reflète pas le vote des Maliens", a déclaré le directeur de campagne du chef de file de l'opposition, Tiébilé Dramé.

Les observateurs envoyés par l'Union européenne ont jugé que le scrutin de dimanche avait donné lieu à des irrégularités, mais qu'il n'y avait pas eu de fraude.

"Le vote s'est globalement déroulé dans le calme, en dépit d'incidents relatifs à la sécurité dans le centre et le nord", a déclaré mardi la chef de la mission, l'eurodéputée italienne Cécile Kyenge.

"Nos observateurs n'ont pas vu de fraude, mais des problèmes d'irrégularités", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse, citant les menaces de groupes armés et un défaut de communication entre les agents électoraux.

(Danielle Rouquié et Tangi Salaün pour le service français, avec Elizabeth Pineau)