L'Etat français votera pour le Canadien Smith à Air France-KLM

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Benjamin Smith, compagnie aérienne,[reuters.com]
(Crédits : Clodagh Kilcoyne / Reuters)

par Laurence Frost

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a annoncé jeudi que l'Etat, qui détient 14,3% du capital d'Air France-KLM, voterait en faveur de la nomination du Canadien Benjamin Smith au poste de directeur général du groupe franco-néerlandais.

L'intronisation de l'actuel directeur de l'exploitation d'Air Canada doit avoir lieu lors d'un conseil d'administration ce jeudi.

"Le conseil d'administration se prononcera ce soir, mais je peux vous dire que le représentant de l'Etat votera en faveur de cette nomination", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire dans une déclaration à Reuters.

Sans citer nommément Benjamin Smith, Bruno Le Maire, confirmant une information de Reuters, précise qu'il "estime que le comité de nomination a fait un très bon travail, que le profil qui est désormais retenu (...) est un excellent profil, une personnalité qui remplit toutes les conditions que l'Etat actionnaire avait posées dans cette nomination".

Le choix de ce dirigeant canadien irrite pourtant les syndicats, qui plaident pour la nomination d'un Français pour prendre la succession de Jean-Marc Janaillac, PDG d'Air France-KLM jusqu'à sa démission début mai, en pleine tempête sociale à propos de la hausse des salaires exigée par les pilotes.

"Il est inconcevable que la compagnie Air France, française depuis 1933, tombe dans les mains d'un dirigeant étranger dont la candidature serait poussée par un groupe industriel concurrent (Delta Airlines pour ne pas le citer)", peut-on lire dans un communiqué signé par neuf organisations.

"Le choix d'un candidat doit se porter sur la défense des intérêts de notre compagnie nationale", ajoutent les syndicats, parmi lesquels le puissant SNPL, premier syndicat de pilotes de la compagnie, la CGT ou l'Unsa.

Un porte-parole d'Air France-KLM joint jeudi par Reuters s'est refusé à tout commentaire, réaffirmant seulement que le processus était toujours en cours et qu'aucune décision n'était encore prise.

UNE RÉMUNÉRATION QUI CRÉE DES REMOUS

Les syndicats dénoncent une nomination "en catimini" au lendemain du 15 août.

"Air France mérite que l'on agisse avec plus de transparence pour qu'elle reprenne son envol dans les meilleures conditions possibles après ces 8 mois d'errance sans dialogue puis sans gouvernance", lit-on dans le communiqué.

L'intersyndicale rappelle par la même occasion qu'elle tiendra une réunion le 27 août afin de déterminer les actions à mener à la rentrée pour "obtenir la fin du blocage des salaires qu'elle dénonce depuis des mois".

Le syndicat Force ouvrière des personnels au sol d'Air France s'agace de son côté de la rémunération que percevrait Benjamin Smith, qui pourrait atteindre 3,3 millions d'euros par an, selon Libération.

Jean-Marc Janaillac a annoncé début mai sa démission après le rejet par référendum d'un projet d'accord salarial au sein de la compagnie, qui traverse une violente crise sociale.

Ce projet avait pour but de trouver une issue à un mouvement de 15 jours de grève qui ont émaillé le premier semestre pour un coût estimé à 335 millions d'euros.

Le président du SNPL, Philippe Evain, a promis dimanche "quinze jours de grève" si la nouvelle direction refuse de reprendre les négociations sur les salaires à la rentrée.

En Bourse, l'action Air France-KLM, dont les compagnies aériennes China Eastern et Delta Air Lines détiennent chacune 8,76% du capital, progresse de 0,67% à 8,98 euros à 14h38.

(Avec Myriam Rivet, Simon Carraud et Matthieu Protard, édité par Yves Clarisse)