La presse fait front commun contre Trump, qui réitère ses attaques

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Action coordonnee de la presse us contre les accusations de trump[reuters.com]
(Crédits : Carlos Barria)

par Alex Dobuzinskis

LOS ANGELES (Reuters) - Plusieurs centaines de journaux américains ont consacré jeudi un éditorial à une opération coordonnée de défense de la liberté de la presse et de réponse aux critiques du président à leur encontre.

Donald Trump critique fréquemment les journalistes et qualifie les articles qui contredisent son opinion ou ses positions politiques d'infos bidon ("fake news"). Le président américain a également déclaré que certains médias étaient des "ennemis du peuple américain".

Plus de 350 journaux de toutes tailles participaient à cette campagne dont le Boston Globe et le New York Times. Parmi les participants figurent aussi la presse écrite d'Etats qui ont voté Trump lors de l'élection présidentielle de 2016.

L'éditorial du Boston Globe - le journal est le coordinateur de la campagne - accuse le président de mener une "attaque en règle contre la presse libre".

"La grandeur de l'Amérique dépend du rôle d'une presse libre pour dire la vérité aux puissants", lit-on dans le Globe. "Étiqueter la presse comme 'l'ennemi du peuple' est aussi peu américain que dangereux pour le pacte civique que nous partageons depuis plus de deux siècles."

En février 2017 par exemple, Donald Trump avait tweeté : "la presse FAKE NEWS (...) n'est pas mon ennemie, c'est l'ennemie du peuple américain!" Il avait notamment cité des chaînes de télévision.

TRUMP: "LES MÉDIAS FAKE NEWS SONT LE PARTI DE L'OPPOSITION"

Le président américain n'a pas changé de ton depuis cette date et il a répondu jeudi par un tweet rageur à l'action coordonnée des journaux: "LES MÉDIAS FAKE NEWS SONT LE PARTI D'OPPOSITION. C'est très mauvais pour notre Grand Pays. MAIS NOUS SOMMES EN TRAIN DE GAGNER!"

De son côté, le Sénat a adopté à l'unanimité une résolution réaffirmant elle le "rôle vital et indispensable que joue la presse libre dans l'information des électeurs, la mise au jour de la vérité, le contre-pouvoir face au pouvoir inhérent du gouvernement et le débat national".

"La presse n'est pas l'ennemie du peuple", peut-on lire dans cette motion symbolique.

En janvier dernier, le sénateur républicain de l'Arizona Jeff Flake, avait accusé Donald Trump d'avoir adopté le langage despotique de l'ancien dictateur soviétique Joseph Staline.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de la Maison blanche sur l'initiative des sénateurs.

Les commentaires du chef de la Maison blanche reflètent le point de vue de nombreux conservateurs selon lesquels la plupart des journaux et autres organes de presse dénaturent les faits, en inventent ou en omettent en raison d'un parti-pris contre eux.

L'éditorial du New York Times souligne qu'il n'est pas contre la critique des médias quand ils se trompent mais dénonce la généralisation comme dangereuse.

"Les reporters et ceux qui relisent leurs articles sont humains et commettent des erreurs. Les corriger est au cœur de notre travail", écrit le quotidien. "Mais dire avec insistance que les vérités que vous n'aimez pas sont des 'infos bidons' est dangereux pour l'âme de la démocratie. Et qualifier les journalistes d'ennemis du peuple est dangereux, point."

(avec David Shepardson à Washington et Brendan O'Brien à Milwaukee; Danielle Rouquié et Tangi Salaün pour le service français, édité par Henri-Pierre André)