La "salle de shoot" de Strasbourg proposera un hébergement

reuters.com  |   |  399  mots
La salle de shoot de strasbourg proposera un hebergement[reuters.com]
(Crédits : Denis Balibouse)

STRASBOURG (Reuters) - Après deux ans d'activité, la salle de consommation à moindre risque de Strasbourg, ou "salle de shoot", s'apprête à ouvrir des places d'hébergement pour répondre aux besoins de ses usagers les plus fragiles sur le plan sanitaire et social.

Quelque 460 personnes fréquentent la salle Argos, l'une des deux en France avec celle de Paris où l'on expérimente la mise à disposition d'un matériel d'injection sécurisé pour les consommateurs de drogues dures, sous la supervision de médecins, d'éducateurs et d'assistants sociaux.

L'objectif est de limiter les overdoses et les risques de contamination virale et d'offrir un accompagnement vers l'accès aux droits et aux soins.

D'après les questionnaires qu'ils ont été invités à remplir, 19% des usagers strasbourgeois sont sans ressources (ni travail ni prestations sociales), 51,6% vivent dans des conditions précaires et 22% sont à la rue. Vingt pour cent sont porteurs de l'hépatite C.

"Plus on passe de jours à la rue, plus l'espérance de vie se réduit", a rappelé le Dr Alexandre Feltz, adjoint au maire chargé de la Santé, à l'issue d'une réunion du comité de pilotage de la salle de consommation strasbourgeoise.

Huit femmes enceintes ont été suivies par Argos. Aucune n'avait d'hébergement, ont ajouté les responsables de la salle.

Dix chambres individuelles et un espace de vie collective seront aménagés d'ici fin 2019 au premier étage du bâtiment, situé dans la vaste enceinte des hôpitaux universitaires de Strasbourg, avec la perspective de passer à vingt chambres dans un deuxième temps.

Les animaux pourront également être accueillis.

"Il ne s'agit pas d'hospitalisation mais d'un hébergement spécifique pour aller vers du soin ou d'autres prises en charge", a précisé Adeline Jenner, directrice territoriale du Bas-Rhin de l'Agence régionale de santé Grand-Est, qui finance le fonctionnement des lieux.

L'objectif est que les usagers les plus fragiles n'y séjournent qu'un ou deux mois avant de revenir vers des formules plus classiques d'hébergement et de prise en charge sociale.

L'hébergement de toxicomanes en lien avec une salle de consommation à moindres risques se pratique déjà en Allemagne, aux Pays-Bas et au Canada.

La durée de l'expérimentation strasbourgeoise, avant une éventuelle généralisation, sera la même que celle fixée pour les salles de shoot en France, soit jusqu'en 2022.

(Gilbert Reilhac, édité par Jean-Baptiste Vey)