Migrants : Les recevoir, sinon payer, proposent Paris et Berlin

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Migrants: les recevoir, sinon payer, proposent paris et berlin[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

par Peter Maushagen

BRUXELLES (Reuters) - Les gouvernements de l'Union européenne qui refusent d'accueillir les réfugiés pourraient payer pour s'exonérer du système de répartition des migrants, selon une série de propositions faites jeudi par la France et l'Allemagne lors d'une réunion des ministres européens de l'Intérieur à Bruxelles.

Ces propositions visent à sortir de l'impasse dans laquelle s'est enlisée la réforme du droit d'asile avant les élections européennes de mai prochain, expliquent des diplomates.

Certains États de l'UE, tels que l'Allemagne, souhaitent accueillir des réfugiés, tandis que d'autres, comme les pays de l'Est tels que la Hongrie, refusent. En outre, certains pays, notamment l'Italie, se retrouvent en première ligne pour accueillir les migrants arrivés en Méditerranée. Le gouvernement italien refuse désormais de laisser les navires humanitaires transportant des migrants accoster dans ses ports.

Selon un document distribué aux ministres de l'Intérieur, les pays d'arrivée des migrants seraient responsables du traitement de leur demande d'asile pour huit ans (six ans actuellement) - Berlin proposait une durée de responsabilité de dix ans. Les premiers arrivants en Grèce ou en Italie choisissent la plupart du temps de s'installer en Allemagne.

Et, autre concession faite à Rome, une règle spéciale de relocalisation serait instaurée pour les personnes arrivant après avoir été sauvées en mer.

Selon la proposition franco-allemande, il serait toujours obligatoire d'accueillir les migrants venus d'autres Etats membres, selon le système de répartition par quotas mis en place en 2015, mais des exceptions pourraient être faites pour les pays qui adopteraient des "mesures de solidarité alternatives".

Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a déclaré en octobre que des fonds supplémentaires pour aider l'Afrique pourraient constituer un compromis acceptable pour les anciens pays communistes d'Europe de l'Est, qui refusent l'entrée de réfugiés, en particulier ceux qui viennent de pays musulmans.

Un accord politique, quel qu'il soit, risque de prendre du temps, estiment des diplomates, ne serait-ce que parce que le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le gouvernement italien eurosceptique ont bâti leur image politique sur une politique anti-immigration.

Selon les données des Nations unies, les arrivées de migrants et de réfugiés en Méditerranée sont inférieures à 100.000 personnes cette année, soit plus de dix fois moins qu'en 2015, année où les arrivées avaient atteint un pic, en raison notamment de la guerre en Syrie.

(Avec Alastair Macdonald; Danielle Rouquié pour le service français)