Nouveaux détails attendus sur l'enquête russe, Trump s'emporte sur Twitter

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Usa: nouveaux details attendus sur manafort, cohen et l'enquete russe[reuters.com]
(Crédits : Jonathan Ernst)

par Nathan Layne

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump s'est emporté vendredi contre l'enquête fédérale menée par le procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion entre la Russie et l'équipe de campagne du président lors de l'élection de 2016, visant en particulier le numéro deux du département de la Justice.

Dans une série de tweets diffusés tôt dans la matinée, il affirme notamment que Rod Rosenstein se retrouve en plein conflit d'intérêt dans cette affaire.

C'est Rod Rosenstein qui a nommé Robert Mueller en mai 2017 pour conduire l'"enquête russe". L'Attorney General (ministre de la Justice) alors en fonction, Jeff Sessions, limogé depuis par Trump, s'était récusé de toute cette affaire pour avoir omis de mentionner ses contacts avec l'ambassadeur de Russie à Washington lors de la campagne présidentielle.

Cette nouvelle salve intervient alors que le procureur spécial s'apprête à préciser ce vendredi la manière dont Paul Manafort et Michael Cohen, deux anciens proches de Trump, ont facilité ou entravé son enquête sur une possible collusion entre l'équipe de campagne de Trump en 2016 et des représentants du Kremlin.

Robert Mueller a accusé le mois dernier Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Trump, d'avoir enfreint un accord de coopération en mentant aux procureurs.

Les services du procureur doivent déposer ce vendredi auprès d'un tribunal fédéral de Washington, à la demande de la juge du district de Columbia Amy Berman Jackson, une synthèse détaillant les manquements de Manafort à l'accord de plaider coupable qu'il avait conclu en septembre sur des chefs d'accusation de conspiration contre les Etats-Unis et de conspiration d'entrave à la justice.

Ce document pourrait apporter de nouveaux éléments sur les contrats d'affaires conclus par Manafort ou ses missions de consultant pour des responsables politiques prorusses en Ukraine.

Manafort, qui dément avoir enfreint l'accord de coopération avec la justice, a dirigé la campagne de Donald Trump pendant trois mois en 2016.

COHEN ESPÈRE LA CLÉMENCE

Le bureau du procureur Mueller doit également déposer ce vendredi une proposition de condamnation à l'encontre de l'ancien avocat personnel de Donald Trump Michael Cohen. Ce dernier a plaidé coupable de délits financiers devant un tribunal de New York en août dernier et de faux témoignage au Congrès la semaine dernière. Les peines relatives à ces deux affaires seront fixées par le même juge.

Michael Cohen a reconnu le 29 novembre devant un tribunal de Manhattan avoir livré un faux témoignage écrit au sujet d'un projet de gratte-ciel de l'Organisation Trump à Moscou.

L'avocat a déclaré que le projet n'avait été abandonné qu'en juin 2016, soit quatre mois avant l'élection présidentielle, et non en janvier 2016 comme il l'avait affirmé l'an dernier au Sénat ainsi qu'à la Chambre des représentants.

Donald Trump, qui nie farouchement toute collusion entre son équipe de campagne et le Kremlin, a souhaité lundi que son ancien avocat écope de la peine maximale.

Renato Mariotti, un ancien procureur fédéral, se dit impatient de voir si le bureau de Robert Mueller appuiera directement ou tacitement certaines affirmations de Michael Cohen, notamment le fait qu'il ait informé la Maison blanche de son intention de mentir au Congrès. "Ce pourrait être un grand jour", dit-il.

Le bureau du procureur Mueller a proposé mardi soir qu'aucune peine d'emprisonnement ne soit prononcée contre l'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn, soulignant la coopération importante de ce dernier à l'"enquête russe".

Michael Cohen espère bénéficier de la même clémence.

Renato Mariotti s'attend en revanche à ce que les services du procureur soient intransigeants envers Manafort : "Ils veulent que le juge le punisse sévèrement, pour envoyer un message à tout le monde."

(avec Susan Heavey; Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)