Ralentissement modéré pour l'économie US en 2019

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Ralentissement modere pour l'economie us en 2019[reuters.com]
(Crédits : Lucas Jackson)

PARIS (Reuters) - La croissance de l'activité économique des Etats-Unis va connaître un ralentissement "très modéré" l'an prochain, estiment les économistes d'ING, ce qui devrait pousser la Réserve fédérale (Fed) à poursuivre la remontée de ses taux en dépit des moindres anticipations du marché sur le resserrement monétaire.

Les prévisions d'ING font ressortir une croissance de 2,4% pour l'économie américaine l'an prochain après une progression de 2,9% cette année.

"On commence à voir de petits signes de ralentissement, notamment sur les nouvelles commandes. Cela dit, on reste à des niveaux historiquement élevés", a indiqué Julien Manceaux, économiste chez ING, lors d'un point presse.

Il estime que la Fed devrait procéder le 18 décembre à sa neuvième hausse de taux depuis le début de son resserrement monétaire enclenché fin 2015, avant trois nouvelles hausses attendues en 2019.

Le marché a pour sa part largement réduit ses anticipations de hausse de taux l'an prochain, ne tablant plus que sur un seul relèvement en 2019.

Ce mouvement récent a été alimenté par les craintes d'une récession prochaine de l'économie des Etats-Unis, alimentées par de premiers signes d'inversion de la courbe des taux, et le changement de ton de plusieurs responsables de la Fed.

La publication, vendredi, de chiffres inférieurs aux attentes pour les créations de postes et la hausse du salaire horaire moyen mensuels a encore nourri ces anticipations.

"Une hausse des taux en mars puis en juin reste très probable", estime toutefois Julien Manceaux.

"La mise en place d'une conférence de presse à l'issue de chaque réunion du FOMC et un abandon de la 'forward guidance' devrait rendre la Fed nettement plus libre", ajoute-t-il.

"On pourrait avoir par exemple des hausses moins importantes mais plus fréquentes".

POUSSÉE INFLATIONNISTE

Pour Julien Manceaux, la Fed sera obligée de réagir face à l'accélération de l'inflation sous-jacente qui devrait atteindre son niveau le plus élevé depuis 2007.

"Contrairement à l'Europe, les entreprises ont la capacité de faire passer dans leurs prix la hausse des coûts des matières premières liée aux tarifs douaniers", indique l'économiste.

Pour 2020, ING table sur une croissance de l'économie des Etats-Unis de 1,9%, une prévision qui inclut l'hypothèse d'une prolongation des mesures fiscales mises en oeuvre depuis 2017.

"En bout de cycle, tout dépendra de la capacité du gouvernement à pouvoir faire de la relance", indique Julien Manceaux.

Les démocrates ont obtenu début novembre à l'issue des élections de mi-mandat la majorité à la Chambre des représentants, ce qui est susceptible de déboucher sur un blocage politique avant l'élection présidentielle de 2020.

Dans la zone euro, la prévision de croissance est de 1,4% pour 2019 après +1,9% cette année.

"Nous sommes prudemment optimiste pour 2019 après le ralentissement évident en 2018", dit Julien Manceaux. "Ce n'est pas la fin du cycle économique; on aura un retour vers le niveau de croissance potentielle".

Mais la faiblesse des pressions inflationnistes devrait pousser la Banque centrale européenne (BCE) à la prudence en dépit de sa volonté de se reconstituer des marges de manoeuvre face à la fin prochaine du cycle économique.

"L'arrêt de achats d'actifs dès le mois de janvier sera annoncé la semaine prochaine", estime Julien Manceaux. "Mais il n'y aura pas de hausse de taux, qui devrait porter sur le taux de facilité des dépôts, avant le dernier trimestre de 2019".

(Blandine Hénault, édité par Marc Joanny)