Mobilisation maximale dans l'attente des "Gilets jaunes"

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Mobilisation maximale dans l'attente des gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Pascal Rossignol)

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Pratiquement en état de siège, Paris mais aussi le reste de la France se préparent au pire à la veille de manifestations à haut risque de "Gilets Jaunes", dont certains sont radicalisés, de groupes d'ultra-droite, d'ultra-gauche et de casseurs.

Les chiffres de mobilisation des forces de l'ordre sont sans précédent depuis le soulèvement étudiant de Mai-1968, notamment dans la capitale où le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a dit attendre "quelques milliers de personnes" mais "avec des gens ultra-violents".

Ainsi, "89.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans tout le pays", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Du côté de la gendarmerie, la quasi-totalité des effectifs disponibles seront mobilisés sur l'ensemble du territoire, Outre-mer compris, soit 60.000 hommes contre 37.000 le week-end dernier, dont 103 escadrons mobiles sur 106.

Quelque 3.000 à 3.500 réservistes de la gendarmerie seront aussi mobilisés dans les brigades territoriales.

Les gendarmes ont payé un lourd tribu aux violences de samedi dernier, avec 121 blessés, a déclaré à Reuters la porte-parole de la gendarmerie nationale, Maddy Scheurer.

"C'est la raison pour laquelle nous avons une montée en puissance du dispositif", a-t-elle expliqué.

Les gendarmes d'élite du GIGN seront eux-mêmes en alerte, a précisé pour sa part le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Richard Lizurey.

A Paris, qui aura des allures de ville sous couvre-feu, 8.000 hommes (CRS, gendarmes mobiles, unités d'intervention de la préfecture de police) seront déployés, en augmentation de plus de 70% par rapport au 1er décembre.

Il est notamment prévu, en plus d'effectifs de CRS et gendarmes mobiles en hausse, de mobiliser à Paris et dans les départements limitrophes 100% des brigades de police-secours ainsi que la police des transports, de rappeler les brigades anti-criminalité et "de contact".

Il en sera de même des compagnies de sécurisation et d'intervention (CSI) de la préfecture de police de Paris.

"ON NE PEUT PLUS LAISSER FAIRE"

Ce dispositif aura l'appui, inédit dans la capitale, de 12 véhicules blindés à roues de la gendarmerie, notamment pour réduire les barricades. Selon une source proche des forces de l'ordre, il y en aura aussi deux à Marseille et deux à Bordeaux.

"Nous avons fait évoluer ce dispositif dans le sens d'une plus grande réactivité, avec la volonté d'une plus grande mobilité pour répondre plus efficacement à la stratégie de dispersion et de mouvement des casseurs", a expliqué le ministre de l'Intérieur.

Si ce dispositif ne semblait pas encore totalement arrêté vendredi après-midi, l'idée était notamment de constituer des compagnies de CRS à six sections au lieu de trois pour accroître leur force de frappe, "faire du choc et aller au contact", a déclaré à Reuters une source proche des forces de l'ordre.

"Nous allons attaquer de front, on ne peut plus laisser faire", a ajouté la même source.

La préfecture de police de Paris a pris un arrêté interdisant les manifestations liées au mouvement des "Gilets jaunes" dans un périmètre englobant les abords du palais de l'Elysée, les Champs-Elysées, la Concorde, une partie du Quai d'Orsay, les abords de l'Assemblée nationale et de l'hôtel de Matignon, qui héberge les services du Premier ministre.

Un autre arrêté interdit le port et le transport d'articles pyrotechniques et de produits inflammables dans Paris samedi.

La préfecture de police de Paris, la mairie, les marques de luxes et les directions d'établissements culturels ont d'autre part pris des mesures préventives sans précédent à cette échelle dans l'histoire récente.

La préfecture a ainsi demandé aux commerces des zones probables de manifestation, des Champs-Elysées aux places de la Bastille et de la République en passant par les places de la Madeleine, de l'Opéra, du Trocadéro et d'Italie ,de "prendre toutes les mesures propres à protéger" leurs établissements.

Des rencontres sportives sont par ailleurs annulées ou reportées ce week-end. Il en va ainsi de six matches de football de Ligue 1 ou des matches Suède-France et Serbie-Russie de l'Euro féminin de handball à Nantes.

(Edité par Yves Clarisse)