Brexit : L'UE exclut de renégocier le projet de traité

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May va solliciter l'aide de merkel pour l'accord de brexit[reuters.com]
(Crédits : Handout .)

par Bart H. Meijer et Alastair Macdonald

LA HAYE/STRASBOURG (Reuters) - L'Union européenne a exclu mardi toute renégociation du projet de traité de Brexit et de la clause de sauvegarde ("backstop") sur la frontière irlandaise, alors que Theresa May sollicitait l'aide de la chancelière allemande Angel Merkel.

La Première ministre britannique s'est résignée lundi à reporter sine die le vote du Parlement britannique sur l'accord négocié avec Bruxelles, qui devait se tenir ce mardi, faute de pouvoir compter sur une majorité.

La Chambre des communes se prononcera avant le 21 janvier sur le projet d'accord, a précisé mardi un porte-parole du 10, Downing Street.

Après une escale dans la matinée à La Haye, où elle a rencontré le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui a parlé d'un "dialogue utile", Theresa May a pris le chemin de Berlin pour voir Angela Merkel dans le but d'aménager l'accord de Brexit et éviter une sortie désordonnée du Royaume-Uni de l'UE.

Elle verra ensuite le président du Conseil européen Donald Tusk, et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Le Brexit sera au menu du sommet européen programmé jeudi et vendredi à Bruxelles, où il sera difficile de faire bouger les lignes sans le soutien de la chancelière allemande, reconnaît-on à Londres.

OUI À DES "CLARIFICATIONS" MAIS PAS DE RENÉGOCIATION

A moins de quatre mois du Brexit, toujours prévu le 29 mars, Theresa May a dit aux députés qu'elle allait tenter de renégocier l'accord. Elle souhaite notamment des garanties sur le fait que la clause de sauvegarde visant à éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande ne s'appliquera pas indéfiniment.

Le message de l'Union est clair: d'accord pour apporter des "clarifications" au projet mais pas question de rouvrir les négociations.

"L'accord auquel nous sommes parvenus est le meilleur possible. C'est aussi le seul possible. Il n'y a pas de place pour une quelconque renégociation", a déclaré mardi Jean-Claude Juncker à Strasbourg devant le Parlement européen.

Il a souligné que ni Londres ni Bruxelles ne souhaitaient avoir recours au "backstop" sur la frontière irlandaise mais que cette éventuelle disposition devait être maintenue dans l'accord. "C'est nécessaire pour la cohérence de notre accord, c'est nécessaire pour la Grande-Bretagne et pour l'Irlande. L'Irlande ne sera jamais laissée toute seule", a-t-il insisté.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a répété que son pays ne voyait pas d'objection à ce que la clause de sauvegarde soit "clarifiée", dès lors, a-t-il dit à la BBC, que Theresa May a reconnu elle-même qu'il ne pourrait pas y avoir d'accord sans cette clause.

UN VOTE DE DÉFIANCE CONTRE THERESA MAY ?

Le ministre allemand des Affaires européennes, Michael Roth, a lui aussi exclu toute renégociation et souligné "l'unité des Vingt-Sept". "Nous sommes prêts à tout, y compris à un Brexit sans accord", a-t-il prévenu, invitant Londres à "faire sa part du travail".

Theresa May est "déterminée à obtenir un accord qui aura le soutien du Parlement", a assuré pour sa part la "leader" de la Chambre des communes, la conservatrice Andrea Leadsom, en avançant l'hypothèse d'une "annexe" à l'accord conclu le mois dernier.

"Il est dans l'intérêt de l'Union européenne comme du Royaume-Uni de parvenir à un accord", a-t-elle fait valoir.

Tous les élus conservateurs ne se montrent pas aussi optimistes ni conciliants envers Theresa May.

L'un d'eux, l'eurosceptique Steve Baker, a estimé mardi qu'il était grand temps que la chef du gouvernement passe la main.

"Si on ne peut pas aller de l'avant avec son accord (...), alors je crains que le seul moyen de changer de politique soit de changer de Premier ministre et je crois vraiment qu'il est de son devoir de s'en aller", a-t-il dit.

Steve Baker a appelé ses camarades "brexiters" à réclamer la tenue d'un vote de défiance interne au Parti conservateur.

Un porte-parole de l'opposition travailliste a indiqué de son côté que le Labour déposerait une motion de censure au Parlement quand il estimerait qu'elle a "le plus de chances" d'être adoptée".

(Avec Michael Holden, Kate Holton, Elizabeth Piper, Andrew MacAskill et Jan Strupczewski; Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)