Macron convainc l'opinion, pas tous les "Gilets jaunes"

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Macron convainc l'opinion, pas tous les gilets jaunes[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

PARIS (Reuters) - Une part croissante de Français souhaite l'arrêt du mouvement des "Gilets jaunes", qui se poursuivait mardi après les annonces du chef de l'Etat et en dépit des appels à la concertation de manifestants modérés, selon deux sondages publiés mardi.

Plus de la moitié des sondés (54%) d'une enquête OpinionWay pour LCI souhaitent que le mouvement cesse, tout en continuant à soutenir les "Gilets jaunes" pour près de deux tiers d'entre eux(66%, en baisse de deux points de pourcentage par rapport à la précédente édition du sondage le 5-6 décembre).

Une courte moitié des personnes ayant regardé l'allocution présidentielle (49%) ont trouvé le chef de l'Etat convaincant.

Les quatre mesures présentées - hausse de 100 euros de la rémunération au niveau des salariés touchant le smic, annulation CSG, défiscalisation des heures supplémentaires, primes de fin d'année défiscalisées - répondent bien aux revendications des "Gilets jaunes", jugent une majorité de sondés (de 60% à 78% d'approbation en fonction des mesures, la plus plébiscitée étant la défiscalisation des heures supplémentaires).

Un second sondage réalisé par Odoxa pour Le Figaro et franceinfo conforte cette approbation des mesures, jugées "satisfaisantes" par 55% à 85% de Français. L'enquête fait état cependant d'une courte minorité de sondés (46%, en hausse de 12 points de pourcentage par rapport au 22 novembre) qui souhaitent la fin des "Gilets jaunes".

Globalement, 58% de sondés par Odoxa jugent qu'Emmanuel Macron a été clair et a reconnu ses erreurs, 54% estiment qu'il a pris la mesure de la gravité de la situation, et s'est montré responsable.

L'ACTE V EN QUESTION

Le souhait d'une sortie de crise n'est cependant pas partagé par l'ensemble des "Gilets jaunes", qui étaient encore plusieurs centaines à manifester mardi autour de ronds-points et embranchements dans toute la France.

Si Jacline Mouraud, l'une des figures médiatiques des "Gilets jaunes", a invité à une trêve, d'autres représentants du mouvement sur les réseaux sociaux maintiennent l'appel à une nouvelle mobilisation, la cinquième, samedi prochain à Paris.

"On est à l'heure où il faut sortir intelligemment du mouvement. C'est-à-dire que ça commence en fait, le mouvement c'était le constat, maintenant le débat commence (...) La porte est ouverte, il faut y aller", a estimé mardi sur LCI la représentante des "Gilets jaunes", reçue la semaine dernière à Matignon.

"Il faut transformer le mouvement en autre chose. On ne peut pas décemment continuer là, à deux pas de Noël, il y a plein de commerçants qui vont mettre la clé sous la porte".

Pour le "Gilet jaune" Benjamin Cauchy, lui aussi tenant d'une ligne modérée, "il y a des choses qui sont positives mais il y a encore beaucoup de choses à faire". "Nous souhaitons surtout continuer dans le dialogue social", a-t-il déclaré sur la même chaîne, interrogé sur un éventuel arrêt du mouvement.

Sur Facebook, plusieurs pages, souvent créées avant les annonces du chef de l'Etat, maintiennent cependant un appel à manifester samedi prochain à Paris pour demander des "référendums d'initiative citoyenne" (Ric) qui permettraient aux citoyens de proposer des lois, mais aussi de révoquer des responsables politiques et de modifier la Constitution.

Plus de 8.800 personnes disent ainsi prévoir de participer à "ACTE 5 : Macron Démission" sur les Champs-Elysées, l'une de ces pages, où les membres dénoncent "enfumage" et "arnaque" du président de la République.

Malgré la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2.000 euros (soit au total 70% des pensionnés français exemptés de la hausse selon le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux), neuf organisations représentatives des pensionnés appellent mardi à une mobilisation le 18 décembre, devant le ministère des Finances.

"Nous exigeons toujours la suppression de la hausse de la CSG pour tous les retraités et l'indexation de toutes les pensions sur l'évolution des salaires", écrivent la CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGRFP, LSR, Ensemble et solidaires.

Depuis le 17 novembre, premier jour du mouvement, la pression est allée crescendo sur le gouvernement.

Lundi, une cinquième personne est morte en marge de la mobilisation, a-t-on appris de source policière et auprès de la gendarmerie. Il s'agit d'une automobiliste âgée de 25 ans, dont le véhicule est entré en collision avec un poids lourd au niveau d'un barrage de "Gilets jaunes", sur un rond-point de Charente.

L'enquête OpinionWay a été réalisée en ligne lundi après l'intervention télévisée d'Emmanuel Macron, auprès d'un échantillon représentatif de 991 personnes. Le sondage Odoxa a été réalisé en ligne lundi et mardi auprès de 992 Français.

(Julie Carriat avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)