La directrice financière de Huawei remise en liberté sous caution

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(Crédits : Thomas Peter)

VANCOUVER/PEKIN (Reuters) - Un juge canadien a autorisé mardi la remise en liberté sous caution de la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou, en attendant une audience d'extradition vers les Etats-Unis.

Meng Wanzhou, 46 ans, a été arrêtée le 1er décembre au Canada alors qu'elle était en transit entre deux vols à l'aéroport de Vancouver.

Elle est la fille du fondateur de Huawei, société que les agences du renseignement américain présentent comme liée au gouvernement chinois.

Les Etats-Unis accusent Meng d'avoir dissimulé des liens existant entre l'équipementier télécoms chinois et une firme qui essayait de contourner les sanctions américaines contre l'Iran. Meng est passible de poursuites pour conspiration en vue de frauder de multiples institutions financières, avec une peine pouvant aller jusqu'à 30 ans de prison pour chacun des chefs d'accusation qui la vise.

Le président américain Donald Trump a déclaré mardi dans un entretien à Reuters qu'il pourrait intervenir auprès du département américain de la Justice si cela était nécessaire et permettait de parvenir à un accord commercial avec la Chine.

Durant l'audience qui s'est tenue mardi dans un tribunal de Vancouver, le juge William Ehrcke a autorisé la remise en liberté de Meng Wanzhou contre une caution de 10 millions de dollars canadiens (6,6 millions d'euros) et sous plusieurs conditions.

Il a été demandé à Meng de remettre tous ses passeports et ses documents de voyage, de ne pas quitter le Canada et d'accepter le port d'un bracelet électronique. Meng doit par ailleurs être accompagnée par du personnel de sécurité lorsqu'elle quitte sa résidence de Vancouver et respecter un couvre-feu entre 23h00 et 06h00.

Le juge a annoncé la tenue d'une nouvelle audience de Meng le 6 février prochain.

Huawei a déclaré qu'il espérait une "résolution rapide" de l'affaire. "Nous avons pleinement confiance dans les conclusions auxquelles parviendront les systèmes judiciaires canadien et américain", a ajouté la firme chinoise dans un communiqué.

La Chine avait menacé le Canada de lourdes conséquences si Meng Wanzhou n'était pas relâchée immédiatement.

Ottawa a annoncé mardi qu'un ressortissant canadien était détenu en Chine. Le gouvernement canadien a précisé qu'il n'y avait selon lui aucun lien avec l'affaire concernant Huawei, mais des analystes ont estimé qu'il s'agissait d'une mesure de représailles de la part de Pékin.

Deux sources ont confié à Reuters que le ressortissant canadien placé en question était un diplomate, Michael Kovrig.

L'ancien ambassadeur du Canada en Chine, Guy Saint-Jacques, a déclaré à Radio-Canada qu'il n'y avait "aucune coïncidence" en Chine. "S'il veulent vous envoyer un message, ils le font", a-t-il dit.

L'arrestation de Meng Wanzhou, au jour même où le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping ont convenu d'une trêve commerciale, a exacerbé les craintes d'un regain des tensions entre Washington et Pékin.

(Julie Gordon et Michael Martina; Jean Terzian pour le service français)