Le tireur de Strasbourg reste introuvable

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Le bilan provisoire revu a la hausse[reuters.com]
(Crédits : Vincent Kessler)

STRASBOURG (Reuters) - L'homme qui a tué deux personnes mardi à Strasbourg et en a blessé 14 autres, dont une est en état de mort cérébrale, restait introuvable mercredi soir malgré la mobilisation de plus de 700 policiers et gendarmes et la diffusion d'un appel à témoins par la police.

Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nuñez, n'a pas exclu qu'il ait pu fuir la France. Le gouvernement a renforcé le contrôle aux frontières dans le cadre du plan Vigipirate porté au niveau "urgence attentat".

Chérif Chekatt, né il y a 29 ans à Strasbourg, connu de la police et de la justice pour des faits de droit commun depuis l'âge de 10 ans, s'est radicalisé en prison, où il a fait de multiples séjours, y compris en Allemagne.

Cet homme aux 27 condamnations pour faits de droit commun, inscrit au Fichier pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et fiché "S" (sûreté de l'Etat), a été suivi par la Direction générale de la sécurité intérieure.

Selon le procureur de Paris, Rémy Heitz, des témoins l'ont entendu crier "Allah Akbar", cri de ralliement des djihadistes, pendant son équipée meurtrière au coeur de la ville, où se tient le traditionnel marché de Noël.

Son père, sa mère et deux frères ont été placés en garde à vue dans la nuit de mardi à mercredi.

Les victimes, sur lesquelles il a ouvert le feu avec une arme de poing ou qu'il a poignardées, ont entre 20 et 65 ans et se partagent à peu près également entre hommes et femmes, a précisé le patron du Samu local, le Dr Pascal Bibault.

Une femme a été blessée à coups de couteau quand elle a tenté avec deux autres personnes d'arrêter le tueur, a précisé le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, à l'Assemblée.

Selon le maire de Strasbourg, Roland Ries, certaines victimes ont reçu une balle dans la tête et un touriste thaïlandais figure parmi les personnes tuées. Pascal Bibault a pour sa part fait état d'Italiens parmi les victimes.

CAVALE EN TAXI

Chérif Chekatt a échappé au moins à trois reprises aux gendarmes, aux militaires de l'opération sentinelles et à des policiers.

Il n'était pas chez lui mardi matin quand des gendarmes ont perquisitionné son domicile, dans le cadre d'une information judiciaire pour tentative d'assassinat dans une affaire de droit commun. Les enquêteurs ont trouvé une grenade défensive, une arme 22 LR, des munitions, quatre couteaux dont deux de chasse.

Quelques heures plus tard, il passait à l'acte dans le centre de la ville. Il s'est alors trouvé une première fois face à quatre militaires de l'opération Sentinelle et a tiré vers eux. Les militaires ont riposté et l'ont blessé au bras.

L'homme s'est ensuite fait conduire en taxi dans le quartier de Neudorf, où il a échangé des coups de feu avec des policiers avant de réussir de nouveau à s'enfuir.

"Rien ne permettait de détecter un passage à l'acte", a estimé sur France Inter Laurent Nuñez, en réponse notamment à la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a de nouveau dénoncé des failles dans le suivi des fichés "S ", relançant une polémique rituelle.

La municipalité de Strasbourg a décidé de fermer mercredi l'ensemble des sites et équipements culturels et d'annuler les animations prévues.

"Pour demain, le préfet me dit que les conditions de sécurité ne sont pas réunies, notamment parce que ce terroriste n'a pas été appréhendé", a dit le maire sur BFM TV. "Il souhaite que l'on garde le marché fermé (...) 24 heures de plus."

Les contrôles ont été renforcés dans l'ensemble des marchés de Noël du pays "pour éviter le risque de mimétisme".

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le déploiement de 1.800 militaires supplémentaires dans le cadre de l'opération Sentinelle pour assurer la sécurité des lieux recevant du public, notamment les marchés de Noël.

Cet attentat a donné lieu sur les réseaux sociaux à toutes sortes d'hypothèses complotistes parmi les "Gilets jaunes", dont le mouvement contre la vie chère ébranle l'exécutif, également critiqué dans l'opposition de gauche comme de droite.

Lors du conseil des ministres, Emmanuel Macron a appelé les responsables politiques au calme, à la retenue et au sens de l'intérêt général.

(Sophie Louet et Emmanuel Jarry, avec Service France, édité par Yves Clarisse et Julie Carriat)