May se battra "de toutes ses forces" pour mettre ses rivaux en échec

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Si may doit s'en aller, son successeur, dit-elle, devra repousser ou abroger l'article 50[reuters.com]
(Crédits : Peter Nicholls)

par Guy Faulconbridge et Kylie MacLellan

LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May, qui affrontera dans la soirée un vote de défiance au sein de son Parti conservateur, a déclaré mercredi que son éventuel successeur n'aurait d'autre choix que de repousser la date de sortie de l'Union européenne.

Se disant "prête à mener (sa) mission à bien", elle a ajouté qu'elle se battrait de toutes ses forces pour mettre ses rivaux en échec.

Ce rebondissement, à moins de quatre mois de la date prévue pour le Brexit, le 29 mars prochain, survient aussi à la veille d'un nouveau sommet européen.

"Je me battrai pour ce vote avec toutes mes forces", a-t-elle dit lors d'une courte allocution devant le 10, Downing Street.

"Un changement de dirigeant à la tête du Parti conservateur aujourd'hui mettrait l'avenir de notre pays en danger et créerait une incertitude au moment où nous pouvons le moins nous le permettre", a-t-elle ajouté.

Le vote de défiance aura lieu en début de soirée, entre 18h00 et 20h00 (GMT). Si une majorité simple se prononce contre elle, Theresa May devra démissionnera et quittera la tête du gouvernement.

Les Tories comptant 315 élus à la Chambre, la majorité est à 158. En milieu de matinée, au moins 75 parlementaires conservateurs avaient publiquement exprimé leur soutien à Theresa May.

Dans son allocution, la Première ministre, qui a provoqué un tollé en décidant in extremis de repousser le vote qui était prévu mardi soir à la Chambre des Communes sur l'accord de Brexit négocié avec Bruxelles, a prévenu ses rivaux.

S'ils la mettent en minorité, a-t-elle dit, le calendrier du Brexit ne pourra pas être tenu; la sortie du Royaume-Uni de l'UE pourrait même être stoppée.

"Un nouveau dirigeant n'aurait pas le temps de renégocier un accord de retrait et de le faire adopter au Parlement d'ici au 29 mars", a-t-elle expliqué. "De fait, une de ses premières décisions serait de prolonger ou d'abroger l'Article 50, différant voire stoppant le Brexit alors que nos compatriotes veulent que nous le poursuivions."

L'article 50 des traités européens fixe un délai de deux ans entre la notification de la volonté d'un Etat membre de quitter l'Union européenne et la cessation de son appartenance à l'UE. En l'activant le 29 mars 2017, May a fixé au 29 mars prochain la date du Brexit.

INCERTITUDE MAXIMALE

À LA VEILLE D'UN NOUVEAU SOMMET EUROPÉEN

Elle a également noté que, compte tenu des délais légaux, son éventuel successeur "ne serait pas en fonction avant le délai légal du 21 janvier, de sorte qu'une élection à la tête du parti risque de donner le contrôle des négociations du Brexit aux élus de l'opposition au Parlement".

La tenue de ce vote de défiance a été annoncée en tout début de matinée par Graham Brady, le président du "comité 1922", le groupe des élus conservateurs à la Chambre des Communes (à l'exception des ministres).

Brady a précisé que le seuil nécessaire à son organisation avait été atteint mardi soir. Il a ajouté qu'il en avait informé Theresa May par téléphone dans la soirée avant de l'annoncer publiquement mercredi matin.

Selon les règlements du "comité 1922", il fallait que 15% des députés conservateurs, soit 48 sur 315, expriment par écrit leur volonté d'organiser un vote de défiance contre le chef du gouvernement pour que ce scrutin ait lieu.

Ian Lavery, président du Parti travailliste, la principale formation de l'opposition britannique, a estimé que l'accord négocié par Theresa May "n'avait le soutien ni de son gouvernement, ni de son parti, ni du parlement, ni du pays".

"Les divisions internes du Parti conservateur mettent les emplois et le niveau de vie de la population en danger", a-t-il ajouté.

Les dirigeants des Vingt-Sept doivent se réunir en sommet jeudi et vendredi à Bruxelles pour examiner la situation. L'issue du vote de mercredi soir aux Communes pourrait modifier la donne du tout au tout.

A Berlin, le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, a exprimé l'espoir que la classe politique britannique prendrait des "décisions sages". "Nous nous sommes préparés à un Brexit ordonné mais aussi à un Brexit sans accord", a-t-il ajouté.

(avec Michael Holden; Henri-Pierre André pour le service français)