Il ne faut pas avoir peur de parler migration, dit Griveaux

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(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Il ne faut pas avoir peur de mettre sur la table le débat sur la politique migratoire, a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, quelques jours après les propos d'Emmanuel Macron sur l'immigration et "l'identité profonde" qui ont suscité critiques et interrogations.

Dans son allocution solennelle lundi, le chef de l'Etat a souhaité que le débat national qui doit permettre de clore la crise des "Gilets jaunes" parvienne également à "mettre d'accord la Nation avec elle-même sur ce qu'est son identité profonde" et que la question de l'immigration soit abordée. "Il nous faut l'affronter", a-t-il dit.

Ces propos ont soulevé une vague de critiques dans les rangs de l'opposition de gauche et suscité l'inquiétude de certaines associations, dont SOS Racisme, et de syndicats comme la CFDT.

"Il ne faut pas avoir peur de mettre le débat sur la table", a réagi Benjamin Griveaux à l'issue du conseil des ministres.

"Ceux qui pensent qu'en ne parlant pas de quelque chose on va éviter le problème, ceux-là se trompent, donc nous on mettra sur la table des sujets dont on ne veut pas qu'ils soient instrumentalisés par d'autres", a-t-il ajouté, pointant les "fake news" qui ont entouré l'adoption du pacte mondial de l'Onu, dit de Marrakech, sur les migrations.

Les "fake news" ont "été légion" en France "mais aussi à l'étranger et parfois par des organes étrangers souhaitant influencer la vie politique européenne et française en particulier : ça, nous ne laisserons pas faire", a-t-il prévenu, sans donner plus de précisions.

"INCONGRU"

Dans un communiqué publié mardi, SOS Racisme s'était ému des déclarations du chef de l'Etat. "Les propos avaient beau être les plus elliptiques possibles, chacun comprendra qu'ils n'augurent rien de bon", soulignait l'association. "Que les choses soient claires : toute tentative consistant à jeter les immigrés en pâture des frustrations sociales sera combattue sans relâche par SOS Racisme".

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a pour sa part jugé mardi que c'était "incongru".

"Ça m'a beaucoup inquiété que la question de l'immigration soit posée au milieu d'un sujet qui était un sujet de pouvoir d'achat", a-t-il dit sur RTL. "J'y vois potentiellement une tentation de répondre à une France qui a envie de se replier un peu sur elle-même et je ne crois pas que ce soit le sujet aujourd'hui".

A gauche, le vice-président du groupe socialiste au Sénat, Rachid Temal, avait indiqué sur Twitter avoir "cru entendre (l'ancien président Nicolas) Sarkozy" dans les propos d'Emmanuel Macron. "A l'époque, cela avait ouvert une période rance".

"Ce n'est décidément pas la question de l'immigration que nous devons 'affronter', ce sont les démons de l'ancien monde qui ressurgissent dans le clair-obscur macronien", avait de son côté estimé le secrétaire national d'EELV (Europe Ecologie-Les Verts) David Cormand.

Les propos du chef de l'Etat ont également fait réagir à droite, où le président du parti souverainiste Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a dénoncé une "grande comédie". "Il veut ouvrir un débat sur l'immigration mais a signé aujourd'hui le Pacte de Marrakech", avait-il écrit sur Twitter.

(Marine Pennetier, avec Jean-Baptiste Vey et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)