Strasbourg recommence à vivre après la mort de Cherif Chekatt

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Strasbourg recommence a vivre apres la mort de cherif chekatt[reuters.com]
(Crédits : Christian Hartmann)

par Gilbert Reilhac

STRASBOURG (Reuters) - Le marché de Noël de Strasbourg, qui rouvert vendredi après deux jours de fermeture post-attentat, a retrouvé son ambiance rituelle, n'étaient La Marseillaise entonnée par le public et la présence du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, rappel de la tragédie qui a endeuillé la capitale de l'Alsace.

La décision de relancer la 449e édition du marché de Noël avait été prise la veille d'un commun accord entre la ville et les services de l'Etat, alors que l'auteur de la tuerie qui a fait trois morts mardi courait encore. Il sera abattu une heure plus tard dans un échange de tirs avec une patrouille de police.

"Nous avons pris cette décision pour l'honneur de Strasbourg, pour l'honneur de la France, pour faire en sorte que face à des attaques aussi violentes que celle que nous avons subie mardi, nous puissions montrer que notre pays, notre République savait redresser la tête", a dit Christophe Castaner.

Entouré d'élus, de journalistes, de forces de sécurité et d'un anonyme brandissant une feuille de papier sur laquelle il avait écrit "Merci aux forces de l'ordre", le ministre a passé une heure dans les travées de nouveau illuminées et baignées d'effluves de vin chaud.

Le départ de la déambulation a été marqué par la diffusion d'une Marseillaise par le truchement du haut-parleur d'un carrousel, un air que l'on entendrait plus tard sorti de la trompette d'un musicien de rue ou carillonné dans un stand de décorations de Noël.

A son passage devant la cathédrale, la foule, encore modeste en milieu de journée, s'est mise à applaudir.

Christophe Castaner a traversé, en saluant chacun, une haie des forces civiles et militaires, policiers, pompiers, soldats de la mission Sentinelle, qui ont contribué à la traque du meurtrier et aux secours apportés aux victimes.

"ON VOULAIT VRAIMENT QUE CE SOIT OUVERT"

Manuela Wadie, arrivée mercredi de Paris à Strasbourg avec une amie, ne regrette pas un voyage dans une ville en état de siège que ses proches lui déconseillaient.

"On voulait vraiment que ça soit ouvert. De toute façon, on est dans l'incertitude partout. Ça aurait été vraiment dommage qu'ils ferment le marché", dit-elle.

Du côté des commerçants, le soulagement domine. Pour beaucoup, le marché de Noël, fréquenté chaque année par deux millions de personnes, représente le meilleur mois de l'année en termes de chiffre d'affaires.

"Il était temps", dit Bernard Kuntz, importateur d'étoles et d'écharpes indiennes, qu'il vend depuis 27 ans sur le marché de Noël. "Il y a des gens qui font des emprunts pour être là et on a déjà perdu deux jours", explique-t-il tout en disant comprendre la prudence des autorités.

"Ça met un coup au moral, on a eu très peur, mais on est comme tous les Français, on a besoin de travailler", explique Johan, qui vend des décorations de Nöel depuis 20 ans en décembre et travaille sur les fêtes foraines le reste du temps.

Si décision avait été prise de prolonger la fermeture tant que Cherif Chekatt était dans la nature, il aurait néanmoins été "100% d'accord". "Il fallait d'abord arrêter le fugitif. On ne pouvait pas, en même temps, sécuriser le marché de Noël", affirme-t-il en jugeant que les forces de l'ordre ont "très bien fait leur travail".

Christophe Castaner avait débuté sa journée par un rassemblement et un moment de recueillement au cimetière juif de Herrlisheim, une commune située à une vingtaine de kilomètres Strasbourg, où les tombes ont été profanées par des symboles nazis en début de semaine.

Evoquant le sujet à l'issue de sa visite du marché de Noël, il a lié les deux événements. "Quand on s'en prend à des sépultures, au fond, c'est aussi les vivants qu'on agresse."

(Edité par Yves Clarisse)