Bruxelles ne veut sanctionner l'Italie, ni la France, selon Moscovici

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Moscovici dit oeuvrer a ce que l'italie ne soit pas sanctionnee[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

PARIS (Reuters) - Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires a déclaré mardi travailler afin que l'Italie ne soit pas sanctionnée pour son déficit budgétaire prévisionnel pour 2019 lié à sa politique de relance économique.

Pierre Moscovici a également rappelé que le dépassement l'année prochaine par la France du plafond de déficit de 3% du PIB fixé par l'UE était tolérable parce qu'il s'agissait d'une mesure temporaire et que cela n'entraînerait pas d'amende.

Le projet de budget initial 2019 soumis par Rome à la Commission prévoyait un creusement du déficit à 2,4% du PIB l'an prochain en raison notamment de la mise en place des deux promesses de la coalition au pouvoir : l'abaissement de l'âge de la retraite et le "revenu de citoyenneté" pour les plus démunis.

La Commission a rejeté ce projet de loi de finances le mois dernier et a lancé une processus disciplinaire susceptible d'aboutir à des sanctions contre l'Italie pour "déficit excessif".

Bruxelles insiste pour que l'Italie réduise son déficit structurel afin d'alléger le fardeau de sa dette publique, qui dépasse les 130% de son PIB. Rome a présenté un budget révisé à l'exécutif bruxellois, limitant son déficit prévisionnel à 2,04% du PIB. Il reste à trouver un accord final avec la Commission.

"D'ARRACHE-PIED"

"Je suis en train de travailler ardemment, presque jour et nuit (...) pour que l'Italie ne soit pas (...) sanctionnée. Je pense que ce serait une mauvaise chose. Je pense que l'Italie est un grand pays de la zone euro. L'Italie a sa place au coeur de la zone euro", a déclaré Pierre Moscovici sur RTL.

"Nous travaillons d'arrache-pied (...) pour faire en sorte que l'Italie puisse mener la politique qu'elle veut mais qu'elle le fasse en respectant les règles", a ajouté l'ancien ministre français de l'Economie et des Finances en soulignant la "faible productivité et la faible compétitivité" de l'Italie.

"J'ai bon espoir qu'on y arrive. On y travaille", a ajouté Pierre Moscovici.

Selon le Corriere della Sera, la Commission européenne a demandé à l'Italie de réduire de 2,5 à trois milliards d'euros de plus ses dépenses publiques avant de pouvoir approuver la dernière mouture du budget 2019.

Quant à la France, a estimé Pierre Moscovici, s'il n'est "pas question" qu'elle soit sanctionnée pour le dépassement de son déficit public au-dessus du plafond de 3% l'an prochain - il devrait être à 3,2% du PIB, a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe -, c'est parce que cette incartade sera temporaire et ne devrait pas se reproduire en 2020.

"La France a intérêt (...) à redescendre en dessous de 3%. Ce qui devrait être fait en 2020 (...)", a déclaré Pierre Moscovici en soulignant que le chiffre de 3,2% incluait une opération temporaire consistant à la transformation du CICE, le Crédit d'impôt compétitivité emploi mis en place par François Hollande, en baisses de charges sociales.

Le déficit de la France "devrait être bien en dessous de 3% en 2020", a estimé l'ancien ministre socialiste en soulignant en creux le niveau élevé de la dette de la France.

"Le niveau de dette français est certes trop élevé, - il tangente les 100% - mais le niveau de dette italien est bien supérieur, il est à 130%", a déclaré Pierre Moscovici. "(Il y a) d'un côté un pays qui dépasse temporairement (le plafond de 3%, NDLR) avec une dette qui est trop élevée mais encore soutenable et de l'autre côté un pays qui veut faire une politique de relance avec une dette qui est très élevée".

(Danielle Rouquié, édité par Eric Faye et Yves Clarisse)