GSK va contrôler la santé grand public de Pfizer et se scinder

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Gsk prend le controle de la sante grand public de pfizer[reuters.com]
(Crédits : Loriene Perera)

par Ben Hirschler

LONDRES (Reuters) - GlaxoSmithKline envisage de se scinder en deux activités - l'une pour les médicaments sur ordonnance et les vaccins, l'autre pour les produits en vente libre - après la création d'une nouvelle coentreprise avec l'américain Pfizer dans la santé grand public.

Cette réorganisation est l'initiative la plus audacieuse prise par la directrice générale de GSK Emma Walmsley, qui entend rationaliser le portefeuille du groupe pharmaceutique britannique depuis qu'elle en a pris les rênes l'an dernier.

Elle conduira à la création d'un géant de la santé grand public avec une part de marché de 7,3%, loin devant ses concurrents les plus proches, Johnson & Johnson, Bayer et Sanofi, tous autour de 4%.

Emma Walmsley avait jusqu'ici minimisé l'idée de scinder le groupe, comme le réclamaient régulièrement certains investisseurs.

Elle a pourtant annoncé mercredi que GSK et Pfizer fusionneraient leurs activités de santé grand public dans une coentreprise dont le chiffre d'affaires cumulé atteindra 9,8 milliards de livres sterling (plus de 10 milliards d'euros). Cette coentreprise sera détenue à 68% par GSK, dans le cadre d'une transaction intégralement en actions.

Cet accord, a ajouté GSK, jettera les bases de la création de deux nouvelles entreprises mondiales basées au Royaume-Uni, l'une centrée sur les produits pharmaceutiques et les vaccins et l'autre sur les soins de santé grand public, qui verront le jour dans les trois ans suivant la conclusion de la transaction.

Pour Pfizer, l'accord résout le problème de l'avenir de sa division de santé grand public, qui comprend les analgésiques Advil et les vitamines Centrum, après ses vaines tentatives pour la vendre cette année.

GSK, dont les produits de santé sans ordonnance comprennent le dentifrice Sensodyne ou encore l'analgésique Panadol, s'était retiré de la procédure d'enchères lancée par Pfizer. Mais Emma Walmsley a déclaré que la possibilité de passer un accord uniquement en actions avait ouvert la voie à l'opération annoncée mercredi.

"C'est quelque chose que nous avons pu faire rapidement et tranquillement", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse téléphonique. "Cet accord est l'occasion de renforcer deux activités : une entreprise leader dans le secteur de la santé grand public et une nouvelle société GSK axée sur les produits pharmaceutiques et les vaccins."

CRISTALLISER LA VALEUR

Le marché a bien accueilli la nouvelle et l'action GSK gagnait 7% dans la matinée à la Bourse de Londres, un bond que la valeur n'avait plus connu depuis neuf ans sur une séance.

"Nous voyons la raison stratégique (de l'opération) avec des économies de coûts et la possibilité de cristalliser la valeur (...)", ont commenté les analystes de Jefferies.

La coentreprise avec Pfizer devrait générer des économies de coûts annuelles de 500 millions de livres d'ici 2022, pour un total des coûts décaissés attendus de 900 millions et des charges hors caisse de 300 millions. GSK prévoit des cessions d'environ un milliard de livres.

Emma Walmsley a déclaré qu'un impact sur les emplois serait inévitable mais qu'il était également possible de réaliser des économies de coûts dans toute la chaîne d'approvisionnement.

La transaction avec Pfizer devrait améliorer le bénéfice ajusté et les flux de trésorerie disponibles au cours du premier exercice complet suivant sa finalisation, ce qui aura lieu au second semestre 2019, selon GSK.

Pfizer, qui a déjà avec GSK une coentreprise de longue date dans le traitement du sida, a déclaré que la transaction serait légèrement relutive chacune des trois premières années suivant sa finalisation.

GSK a pris du retard sur ses concurrents dans le développement de médicaments à gros potentiel de chiffre d'affaires et n'a guère participé ces dernières années aux opérations de M&A dans le secteur.

Mais les temps ont changé. GSK a racheté cette année la part de Novartis dans leur coentreprise de santé grand public pour 13 milliards de dollars (11,4 milliards d'euros).

Ce mois-ci, le laboratoire britannique s'est entendu avec Unilever pour lui vendre son lait malté Horlicks et d'autres produits de nutrition très présents en Inde pour 3,3 milliards d'euros et a accepté de débourser 5,1 milliards de dollars pour racheter la biotech américaine Tesaro, spécialisée dans l'oncologie.

Pour rassurer les investisseurs sur sa solidité financière, GSK a étendu sa garantie sur le dividende en déclarant qu'il comptait verser des dividendes inchangés de 80 pence par action pour 2019.

GSK était conseillé par Citi, JP Morgan Cazenove et Greenhill, tandis que Centerview, Guggenheim et Morgan Stanley agissaient pour Pfizer.

(Avec Paul Sandle, Bertrand Boucey et Dominique Rodriguez pour le service français)