Attaques de drones : Il semble que l'Iran soit responsable, dit Trump

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(Crédits : Handout .)

par Roberta Rampton et Arshad Mohammed

WASHINGTON (Reuters) - Il semble que l'Iran soit responsable des attaques qui ont visé ce week-end des installations pétrolières saoudiennes, a déclaré lundi Donald Trump, tout en assurant ne vouloir déclarer la guerre à personne.

Les bombardements ont été revendiqués par les Houthis, mouvement chiite pro-iranien qui tient la majeure partie du Yémen, mais, d'après la coalition sous commandement saoudien qui les combat depuis 2015, les premiers éléments de l'enquête montrent que ce sont des armes iraniennes qui ont été utilisées.

Plusieurs membres de l'administration américaine, dont le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, les ont imputés à Téhéran, qui nie toute responsabilité.

Prié lors d'une conférence de presse de dire s'il jugeait l'Iran responsable des attaques de samedi, le président des Etats-Unis a répondu : "Cela semble certainement être le cas à ce stade (...) Dès que nous aurons des conclusions définitives, nous vous en informerons, mais cela semble être le cas".

"Nous avons beaucoup d'options, mais je ne cherche pas d'option à ce stade. Nous voulons découvrir qui a fait cela. Nous sommes en contact avec l'Arabie saoudite. Nous sommes en contact avec le prince héritier (Mohamed ben Salman) et plusieurs de (ses) voisins. Nous parlons de ça tous ensemble. Nous verrons bien ce qui va se passer", a-t-il poursuivi.

"Je ne suis pas quelqu'un qui aime la guerre. Non, je ne veux de guerre avec personne mais j'y suis mieux préparé que personne."

Les cours du pétrole ont bondi de 19% en séance lundi à la Bourse de New York, ce qui n'était pas arrivé depuis la première Guerre du Golfe, en 1991. Ils ont ensuite reculé pour clôturer en hausse d'un peu plus de 14%, lorsque le président a de nouveau évoqué un possible recours aux réserves stratégiques.

Selon les premiers éléments de l'enquête communiqués lundi par la coalition sous commandement saoudien, les attaques de samedi ont été menées à l'aide d'armes iraniennes et n'ont pas été lancées du Yémen.

"LÉGITIME DÉFENSE"

"Les résultats préliminaires montrent que les armes sont iraniennes et nous travaillons actuellement à la détermination du lieu (...) L'attaque terroriste ne provenait pas du Yémen, comme l'a affirmé la milice houthie", a déclaré le colonel Turki al Malki, porte-parole de la coalition, lors d'une conférence de presse à Ryad.

Des experts régionaux et de l'Onu vont être invités à enquêter, a par ailleurs annoncé le ministère saoudien des Affaires étrangères.

"Le royaume est capable de défendre son territoire et son peuple, comme de réagir avec force à ces attaques", ajoute-t-il.

Les menaces iraniennes ne concernent pas seulement l'Arabie saoudite, mais tout le Moyen-Orient et le monde entier, a quant à lui souligné le prince Mohamed ben Salman, héritier du trône, lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire américain à la Défense Mark Esper, selon l'agence de presse SPA.

En visite à Ankara pour un sommet sur la Syrie, le président iranien Hassan Rohani a quant à lui estimé que "les Yéménites (avaient) exercé leur droit à la légitime défense".

"Les attaques sont une réponse à l'agression qui dure depuis des années aux Yémen", a-t-il ajouté.

Donald Trump a assuré dimanche que les Etats-Unis étaient prêts à riposter et a autorisé le recours aux réserves stratégiques de pétrole. L'attaque des installations de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco, ont réduit de moitié la production de pétrole du royaume et entraîné une diminution de 5% de la production mondiale.

Aramco pourrait avoir besoin de "plusieurs mois" pour retrouver sa production normale, selon deux sources proches du géant pétrolier saoudien.

Reconnaissant l'ampleur inédite des attaques, qui ont notamment visé le plus grand site mondial de transformation de brut, à Abkaïk, les autorités de Ryad n'ont avancé aucun délai avant la reprise de la production.

Les installations de la compagnie saoudienne restent une cible et pourraient être à nouveau attaquées "à tout moment", a averti sur Twitter un porte-parole des Houthis.

Répondant explicitement aux menaces américaines, la diplomatie russe a jugé lundi inacceptable d'évoquer des représailles et dénoncé une attitude "contreproductive" de nature à alimenter les tensions.

"Les menaces de représailles, tel qu'il semble qu'elles aient été évoquées à Washington, sont d'autant plus inacceptables", dit le ministère russe des Affaires étrangères.

(Arthur Connan, Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Sophie Louet et Jean-Michel Bélot)