Ouverture du procès des djihadistes de Notre-Dame

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Ouverture du proces des djihadistes de notre-dame[reuters.com]
(Crédits : Eric Gaillard)

par Simon Carraud

PARIS (Reuters) - Comment un groupe de femmes djihadistes sous l'influence du groupe Etat islamique (EI) en est venu à planifier des attentats, dont un aux bonbonnes de gaz à un jet de pierre de Notre-Dame ? C'est la question centrale d'un procès aux assises qui s'ouvre ce lundi, à Paris, trois ans après les faits.

Huit personnes sont jugées pour leur implication dans cette affaire qui avait fait grand bruit à l'époque, moins d'un an après les attaques sanglantes du 13 novembre 2015, en région parisienne, et moins de deux mois après l'attentat au camion bélier, sur la promenade des Anglais, à Nice.

Quatre membres de ce commando exclusivement féminin - une singularité de ce dossier - risquent la perpétuité, une autre femme une peine de 30 ans de réclusion criminelle et deux autres personnes encourent cinq ans d'emprisonnement pour "non-dénonciation de crime terroriste".

L'homme qui aurait joué les instigateurs via des communications sur des services de messagerie chiffrée, Rachid Kassim, n'apparaîtra jamais dans la salle d'audience ces trois prochaines semaines. Pour cause : il est donné pour mort depuis une frappe dans la région de Mossoul, en 2017.

En l'absence de confirmation officielle, cette figure du djihad francophone, soupçonnée d'avoir joué un rôle similaire dans la préparation d'autres attentats, comme celui qui a coûté la vie à un prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016, devrait bien être jugée, au même titre que ses co-accusés.

Les faits remontent au mois de septembre 2016.

Le 4, à 07h30 du matin, la police découvre une Peugeot 607 grise, sans plaque d'immatriculation, garée devant le 43 rue de la Bûcherie, sur la rive opposée au parvis de Notre-Dame.

"MORTIFIÉE"

Les démineurs appelés en renfort sortent du véhicule six bonbonnes de gaz - une sur la banquette arrière et cinq dans le coffre - ainsi trois bouteilles en plastique contenant du gazole et ce qui ressemble à un dispositif de mise à feu artisanal - des restes de cigarette et une couverture imbibée de gazole.

Les empreintes digitales relevées dans l'habitacle sont formelles: elles appartiennent à Ornella G. et Ines M., la première, âgée de 29 ans, déjà connue des services de renseignements pour avoir voulu rejoindre la Syrie en 2014, la seconde, de dix ans sa cadette, pour de simples velléités de départ vers les territoires sous la coupe de l'EI.

Ornella G. est rapidement repérée et arrêtée sur une aire d'autoroute, le long de l'A7. Ines M., pour sa part, réapparaît le 8 septembre à Boussy-Saint-Antoine (Essonne), lors d'une vaste opération de police déclenchée à la suite d'alertes reçues par la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) sur l'imminence d'un attentat.

Au cours de l'opération, un policier est blessé à l'arme blanche et trois jeunes femmes sont arrêtées, Sarah H., Amel S. et Ines M., touchée par balles.

Le procès posera une question subsidiaire : peut-on s'amender lorsqu'on a, comme Ines. M, adhéré avant ses 20 ans au projet de l'EI ?

"Mortifiée" par ses actes, "elle a ouvert les yeux et s'est défaite de l'emprise dans laquelle elle se trouvait à l'époque", selon Me Laurent Pasquet-Marinacce, l'avocat de la jeune femme, déjà condamnée à huit ans de prison pour ses activités de recruteuse au service de l'EI.

(Edité par Sophie Louet)