Georgieva met en garde contre le "ralentissement synchronisé" de la croissance

reuters.com  |   |  511  mots
Georgieva met en garde contre le ralentissement synchronise de la croissance[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

WASHINGTON (Reuters) - L'économie mondiale connaît actuellement un "ralentissement synchronisé", a déclaré mardi la nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva, soulignant que cette situation s'aggraverait si les gouvernements échouaient à résoudre les conflits sur le commerce et à soutenir la croissance.

Dans un discours prononcé en amont des réunions d'automne du FMI et de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva a déclaré que les tensions commerciales avaient "considérablement affaibli" le secteur manufacturier et les investissements dans le monde.

"Il existe un risque sérieux que les services et la consommation soient bientôt affectés", a-t-elle averti.

D'après une étude qui sera dévoilée la semaine prochaine, l'effet cumulatif des conflits sur le commerce pourrait coûter 700 milliards de dollars à la croissance mondiale d'ici 2020, soit environ 0,8%, a-t-elle dit.

"Avec ce scénario, c'est l'équivalent de l'économie de la Suisse qui disparaît", a ajouté Kristalina Georgieva.

L'étude prend en compte la hausse des droits de douane prévue par l'administration américaine sur les importations chinoises restantes, soit près de 300 milliards de dollars de marchandises. Une grande partie du ralentissement de la croissance proviendra d'une baisse de confiance des entreprises, d'une perte de productivité et de réactions négatives du marché, a-t-elle commenté.

"Pour 2019, nous prévoyons un ralentissement de la croissance dans environ 90% des pays du globe. L'économie mondiale connaît actuellement un ralentissement synchronisé. Cela signifie que la croissance mondiale sera cette année la plus faible depuis le début de la décennie", a-t-elle dit.

L'économiste bulgare, qui a succédé à la tête du FMI à Christine Lagarde, a déclaré que le commerce mondial était "presque au point mort".

RISQUE DE COMPLAISANCE

Selon elle, l'un des plus grands risques serait une complaisance des gouvernements sur la guerre commerciale et leur inertie.

"Nous ralentissons, nous ne sommes pas à l'arrêt, ce qui n'est pas si mal. Et pourtant, si nous n'agissons pas maintenant, nous risquons un ralentissement potentiel plus important", a déclaré Kristalina Georgieva.

Si le ralentissement des économies mondiales s'aggrave, le monde pourrait avoir besoin d'une "réponse politique synchronisée" s'inspirant des efforts de relance déployés lors de la crise financière de 2008-2009, a-t-elle ajouté.

Kristalina Georgieva a invité les banques centrales à maintenir des taux bas si nécessaire mais a averti que cela pourrait entraîner une croissance excessive du crédit ainsi que des investissements risqués, entraînant une vulnérabilité financière accrue.

"Notre analyse montre que si un ralentissement majeur se produisait, la dette des entreprises exposées à un défaut de paiement augmenterait à 19.000 milliards de dollars, soit près de 40% de la dette totale de huit grandes économies (...) C'est au-dessus des niveaux observés pendant la crise financière", a-t-elle déclaré.

Elle a appelé l'Allemagne, les Pays-Bas et la Corée du Sud à augmenter leurs dépenses budgétaires afin de soutenir la croissance.

(David Lawder, Laetitia Volga pour le service français, édité par)