Un remaniement à la tête de Renault est bien sur la table

reuters.com  |   |  661  mots
Un remaniement a la tete de renault est bien sur la table[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

PARIS (Reuters) - Un remaniement à la tête de Renault est bien sur la table, a dit mercredi à Reuters une source au sein de l'Etat français, à la suite d'un article du Figaro évoquant un projet de remplacement du directeur général Thierry Bolloré.

"Effectivement la question d'aller au bout du renouvellement du management se pose", a déclaré cette source. "Manifestement, puisque c'est sorti dans la presse, des réflexions sont en cours. Mais, là encore, rien n'est décidé. C'est à la gouvernance de Renault de prendre une décision."

L'Etat français est le principal actionnaire de Renault avec 15% du capital.

En marge d'une réunion avec ses homologues de la zone euro à Luxembourg, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré de son côté avoir toute confiance en Jean-Dominique Senard et dans le conseil d'administration de Renault pour choisir la meilleure gouvernance et les dirigeants chargés de mettre en oeuvre la stratégie industrielle définie avec l'Etat.

Le Figaro a rapporté que le président de Renault, Jean-Dominique Senard, allait proposer au conseil d'administration de trouver un successeur à son numéro deux.

Selon le journal, qui cite des sources concordantes, le sujet pourrait, "avec l'aval de l'État actionnaire", être mis à l'ordre du jour dès la prochaine réunion du conseil, programmée de longue date pour le 18 octobre.

Une porte-parole de Renault a refusé de faire un commentaire, tout comme un porte-parole de Bercy. Une source proche du constructeur a précisé qu'à ce jour, aucun processus pour rechercher un nouveau numéro deux n'était officiellement lancé.

SENARD RENTRE DU JAPON

Jean-Dominique Senard doit arriver dans la soirée en France. Il rentre du Japon, où s'est tenu la veille un important conseil d'administration du partenaire Nissan.

La perspective d'un changement à la tête de Renault a en effet été évoquée juste après que Nissan s'est choisi une nouvelle direction pour tenter de tourner la page Carlos Ghosn, redresser son activité et donner un nouveau souffle à son alliance avec Renault.

Makoto Uchida deviendra directeur général et Ashwani Gupta directeur général délégué du groupe japonais à compter du 1er janvier prochain, un choix salué par Renault et par l'Etat français.

La même source au sein de l'Etat français a souligné que le sort de Thierry Bolloré ne constituait pas une contrepartie au choix des dirigeants de Nissan.

Encore sous le choc de l'arrestation au Japon de son homme fort, le groupe au losange avait nommé fin janvier Thierry Bolloré au poste de directeur général afin de maintenir, au côté du nouveau président Jean-Dominique Senard le fil rouge opérationnel qu'il incarnait depuis début 2018.

Le conseil d'administration avait alors aussi fixé pour mission à Jean-Dominique Senard de restaurer la confiance avec Nissan et de donner au groupe au losange une nouvelle gouvernance. Mais, comme le rappelle le Figaro, l'Etat estime depuis plusieurs mois que ce deuxième chantier tarde trop.

Thierry Bolloré reste associé aux années Ghosn, puisqu'il a longtemps été le bras droit du PDG déchu. Il n'a pas su non plus endiguer les départs répétés de cadres dirigeants, partis pour nombre d'entre eux chez le concurrent PSA.

"Il faut parfois savoir changer les personnes qui sont là depuis longtemps", a dit une autre source au fait de la vision qu'a l'Etat du dossier.

Selon le Figaro, la décision d'engager cette nouvelle phase a été discutée entre le président de Renault et les représentants de l'État à plusieurs reprises au cours de l'été, puis de nouveau à Bercy et à Matignon ces derniers jours.

Le journal ajoute qu'un chasseur de têtes sera bientôt désigné et que la recherche devrait s'orienter vers un professionnel français de l'automobile.

(Gilles Guillaume et Michel Rose à Paris, Francesco Guarascio à Luxembourg, édité par Jean-Philippe Lefief et Jean-Michel Bélot)