COR-UE : Sylvie Goulard de nouveau bousculée par les eurodéputés

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Ue: sylvie goulard de nouveau bousculee par les eurodeputes[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

PARIS (Reuters) - (Corrige l'attribution de la citation au 6e paragraphe : la déclaration est de Damien Carême, député européen EELV)

La Française Sylvie Goulard, candidate au poste de commissaire européen au Marché intérieur, s'est de nouveau heurtée jeudi à la défiance d'une partie des eurodéputés, sur ses ennuis judiciaires notamment, lors d'une audition de la dernière chance qui décidera de son avenir à Bruxelles.

Durant une première audition, le 2 octobre, l'éphémère ministre des Armées d'Emmanuel Macron n'était pas parvenue à lever le scepticisme des élus du Parlement européen sur les deux "affaires" qui entachent sa candidature.

L'ancienne députée européenne (2009-2017) est en effet sous le coup de deux enquêtes - une de la justice française et une de l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) - pour l'affaire des emplois présumés fictifs des eurodéputés MoDem, qui l'avait contrainte à démissionner du gouvernement français en juin 2017 après un mois d'exercice.

Les réserves des députés, qui évoquent un possible conflit d'intérêts, concernent en outre son travail de "consultante", entre 2013 et janvier 2016, pour l'institut Berggruen, un "think tank" fondé par le milliardaire américano-allemand Nicolas Berggruen, pour plus de 10.000 euros bruts par mois.

Les eurodéputés jugeant ses premières réponses insuffisantes, ils lui avaient demandé des explications par écrit, comme le règlement l'autorise, avant de la convoquer pour une ultime audition. Ils devaient ensuite se prononcer par vote, dans les 24 heures, pour valider ou non sa candidature.

Les treize questions posées jeudi ont de nouveau principalement porté sur son attitude future en cas de mise en examen dans l'affaire des emplois fictifs du MoDem : l'eurodéputé français Damien Carême (EELV) a évoqué "un véritable problème éthique, à l'heure du Brexit..."

Des élus se sont aussi interrogés sur l'ampleur de son portefeuille - marché intérieur, industrie, numérique, défense, espace -, qui le rendrait ingérable à leurs yeux.

Sylvie Goulard a de nouveau fait valoir que si "l'usage" veut en France qu'un ministre mis en examen démissionne, "un tel usage n'existe pas dans les institutions européennes".

"Si je venais à être mise en examen (...), comme tout autre membre du collège, j'aurai une discussion avec la présidente (Ursula Von Der Leyen) parce que c'est sa responsabilité, pour évaluer la situation", a-t-elle déclaré.

"De mon propre chef, ou à sa demande, évidemment, si c'était nécessaire, je tirerais les conséquences", a-t-elle ajouté, tout en soulignant un "problème" juridique si "une automaticité" est créée entre "le déclenchement d'une procédure et une démission".

"Nous ne pouvons pas mettre en péril l'indépendance de la Commission d'autant plus qu'il y a une grande hétérogénéité des procédures d'un pays à l'autre", a-t-il estimé.

Quant à son travail pour l'institut Berggruen, Sylvie Goulard a dit regretter "profondément que cette activité de deux années ait pu jeter le doute sur un engagement européen ancien, sur mon intégrité, sur ma capacité à agir de manière indépendante."

(Sophie Louet, édité par Jean-Michel Belot)