La France inquiète après la fuite de familles de membres de l'EI

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(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - La porte-parole du gouvernement français Sibeth Ndiaye a fait part dimanche de son inquiétude après la fuite, rapportée par des autorités kurdes, de familles de membres de l'Etat islamique qui étaient retenues dans un camp au Nord de la Syrie, théâtre d'affrontements avec les forces turques.

Selon l'administration kurde de la région, des femmes affiliées à l'Etat islamique et leurs enfants ont fui en masse dimanche le camp d'Aïn Issa qui se trouve au nord de Rakka et à environ 30 kilomètres au sud de la frontière turque.

Cette autorité évoque la fuite de 785 étrangers tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui cite des sources au sein du camp, parle de 100 personnes s'étant échappées.

"Evidemment que nous sommes inquiets par rapport à ce qui pourrait se passer", a déclaré Sibeth Ndiaye sur la chaîne de télévision France 3.

"C'est la raison pour laquelle nous souhaitons que la Turquie finisse au plus vite cette intervention que nous avons évidemment condamnée", a-t-elle ajouté, évoquant le risque d'une crise humanitaire engendrée par cette offensive qui a déjà fait 130.000 déplacés, selon les chiffres des Nations Unies.

Selon des propos relayés par l'agence publique turque Anadolu, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui qualifié ces rapports de "désinformation" visant à provoquer les pays occidentaux.

Paris a annoncé samedi soir suspendre immédiatement les exportations d'armes vers la Turquie, à la suite de l'offensive lancée mercredi par Ankara dans le nord de la Syrie. L'Allemagne avait pris un peu plus tôt une décision similaire.

Les forces démocratiques syriennes (FDS), sous commandement kurde, contrôlent d'importantes parties du territoire autrefois sous le "califat" de l'état islamique. Les FDS gardent des milliers de djihadistes en prison ainsi que des dizaines de milliers de membres de leur famille dans des camps mais s'inquiètent de ne plus avoir assez d'effectifs pour assurer leur surveillance.

"C'était depuis le début de cette intervention armée une préoccupation pour la France parce que nous avons effectivement des djihadistes français dont nous avons toujours considéré qu'ils devaient être jugés sur place (...)", a expliqué la porte-parole du gouvernement.

Interrogé sur BFM TV, l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic a lui jugé nécessaire de rapatrier les combattants de l'Etat islamique dans leur pays d'origine pour qu'ils y soient jugés.

"En Syrie, il n'y a plus d'Etat et il faut que chacun reprenne ses nationaux et les juge en doublant la cour d'assises pour qu'ils risquent des peines conséquentes", a expliqué le magistrat, aujourd'hui président de chambre à la cour d'appel de Versailles.

(Gwénaëlle Barzic, avec John Irish et Myriam Rivet)