Lourdes condamnations pour les djihadistes de Notre-Dame

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Lourdes condamnations pour les djihadistes de notre-dame[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - La cour d'assises spéciale de Paris a condamné lundi soir à des peines de cinq à trente ans de prison cinq femmes accusées d'avoir planifié des attentats sous l'influence du groupe Etat islamique (EI), dont un aux bonbonnes de gaz près de la cathédrale Notre-Dame en 2016.

Inès M. a été condamnée à 30 ans de réclusion, Ornella G. à 25 ans de prison.

Sarah H. et Amel S. sont condamnées à vingt ans de prison chacune, Samia C. à cinq ans de réclusion, dont un avec sursis.

Les faits remontaient au mois de septembre 2016.

Le 4, à 07h30, la police découvre une Peugeot 607 grise, sans plaque d'immatriculation, garée devant le 43 rue de la Bûcherie, sur la rive opposée au parvis de Notre-Dame.

Les démineurs appelés en renfort sortent du véhicule six bonbonnes de gaz ainsi que trois bouteilles en plastique contenant du gazole et ce qui ressemble à un dispositif de mise à feu artisanal - des restes de cigarette et une couverture imbibée de gazole.

Les empreintes digitales relevées dans l'habitacle sont formelles: elles appartiennent à Ornella G. et Ines M., la première, déjà connue des services de renseignement pour avoir voulu rejoindre la Syrie en 2014, la seconde, pour de simples velléités de départ vers les territoires sous la coupe de l'EI.

Ornella G. est rapidement repérée et arrêtée sur une aire d'autoroute, le long de l'A7. Ines M., pour sa part, réapparaît le 8 septembre à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) lors d'une vaste opération de police déclenchée à la suite d'alertes reçues par la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) sur l'imminence d'un attentat.

Au cours de l'opération, un policier est blessé à l'arme blanche et trois jeunes femmes sont arrêtées, Sarah H., Amel S. et Ines M., touchée par balles.

Inès M., dont son avocat Laurent Pasquet-Marinacce, assure qu'elle "s'est défaite de l'emprise" de l'EI, était déjà condamnée à huit ans de prison pour ses activités de recruteuse au service de l'EI.

"J'avais des projets de morts (...) aujourd'hui j'ai des projets de vie", avait-elle déclaré lundi matin.

L'homme qui aurait joué les instigateurs via des communications sur des services de messagerie chiffrée, Rachid Kassim, était absent au procès, donné pour mort depuis une frappe dans la région de Mossoul, en 2017.

Cette figure du djihad francophone est soupçonnée d'avoir joué un rôle similaire dans la préparation d'autres attentats, comme celui qui a coûté la vie à un prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016.

Il a été condamné lundi par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité.

"Ce sont des peines qui sont lourdes effectivement, mais je pense que la cour a pris la mesure du crime", a déclaré à des journalistes Me Laurent-Franck Liénard, l'un des avocats des parties civiles.

"Elle a pris la mesure de cet attentat raté qui aurait fait des dizaines de morts s'il avait réussi, et elle a pris la mesure également de cette agression contre mes clients fonctionnaires de police et de ce policier qui a été poignardé avec une véritable volonté de tuer au nom d'une idéologie délirante", a-t-il ajouté.

(Bureau de Paris, édité par Sophie Louet)