Le futur patron de Renault ne sera pas forcément français, selon Pannier-Runacher

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Le futur patron de renault ne sera pas forcement francais, selon pannier-runacher[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le futur directeur général de Renault devra avoir de l'expérience dans la transformation des entreprises et dans le secteur de l'industrie, des atouts primant sur la question de sa nationalité, a déclaré à Reuters la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher.

Le constructeur automobile a débarqué vendredi dernier Thierry Bolloré, qui avait succédé à Carlos Ghosn au poste de directeur général, afin de donner un nouveau souffle opérationnel au groupe au losange et à son partenariat avec Nissan, doté lui aussi depuis peu d'une nouvelle direction générale.

L'Etat, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital, aborde la question avec l'esprit très ouvert, a dit Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie.

"Quand on a dû chercher le meilleur profil pour Air France, on a eu quelqu'un qui n'était pas français, très bien", a-t-elle déclaré, faisant référence à la nomination de l'ancien patron d'Air Canada Ben Smith à la tête du groupe Air France-KLM, dont l'Etat français est également actionnaire.

"C'est le meilleur profil (qui compte), qui est capable de porter Renault et de jouer son rôle dans l'alliance à un moment de transformation majeure", a-t-elle ajouté.

Confrontés à un nouveau tour de vis de la réglementation européenne sur les émissions polluantes conjugué à un ralentissement général des marchés automobiles, les constructeurs doivent plus que jamais faire jouer les économies d'échelle s'ils veulent pouvoir continuer à investir dans les nouvelles technologies.

Renault a confié à titre intérimaire la direction générale à la directrice financière Clotilde Delbos, entourée de deux directeurs généraux adjoints, le temps de trouver un successeur définitif à Thierry Bolloré. La recherche du nouveau directeur général - ou directrice générale - a commencé mais s'annonce difficile en interne.

Selon une source du constructeur, cette mission a été confiée au cabinet NB Lemercier & Associés, fondé en 2006 par la spécialiste du recrutement de hauts dirigeants Brigitte Lemercier.

Lors du dernier renouvellement de son mandat à la tête du groupe, début 2018, Carlos Ghosn s'était vu confier comme mission la préparation de sa succession pour garantir que l'alliance Renault-Nissan survive à la génération de ses fondateurs.

Mais l'ancien homme fort de Renault a tardé à engager ce travail, qui n'avait pas encore été véritablement lancé lorsqu'il a été brutalement arrêté au Japon en novembre dernier pour des accusations de malversations financières qu'il dément. Carlos Ghosn s'était alors contenté de nommer Thierry Bolloré directeur général adjoint.

"Le successeur sera probablement une personne externe, car Carlos Ghosn n'a rien préparé et plutôt laissé la terre brulée", a dit une source proche du processus de recrutement.

Selon une autre source proche du dossier, Renault compte bien au comité de direction plusieurs jeunes quinquagénaires prometteurs. Ceux-ci pourront aussi candidater au poste de directeur général mais la direction ayant tardé jusqu'ici à les promouvoir au comité exécutif, ils partent avec un réel handicap.

ALIGNER SON EQUIPE

Thierry Bolloré, qui incarnait depuis janvier le fil rouge opérationnel de Renault au côté du nouveau président Jean-Dominique Senard, a dénoncé sa révocation comme "un coup de force".

"C'est un sujet où vous avez un patron qui arrive, qui met au point son équipe, qui l'aligne, rien que de très classique. (Jean-Dominique Senard) fait son travail, point", a commenté la secrétaire d'Etat.

Agnès Pannier-Runacher a également indiqué que le gouvernement n'était pas opposé à la relance possible du projet avorté de rapprochement entre Renault et Fiat Chrysler.

"Encore une fois, tout est ouvert", a-t-elle poursuivi. "Dans l'ordre des facteurs, nous on est assez clairs, on veut un projet industriel, on veut une alliance renforcée au service de ce projet industriel."

Quant à la possibilité que l'Etat réduise sa participation dans Renault pour donner des gages à Nissan, ce n'est pas une priorité, a-t-elle précisé.

"On commence par une histoire industrielle, et après on en tire les conséquences éventuelles sur l'actionnariat", a dit Agnès Pannier-Runacher.

(Sarah White, Gilles Guillaume et Mathieu Rosemain, édité par Jean-Michel Bélot)