L'Irak réticent à l'idée de juger les djihadistes étrangers

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L'irak reticent a l'idee de juger les djihadistes etrangers[reuters.com]
(Crédits : Khalid Al-Mousily)

BAGDAD (Reuters) - Les autorités irakiennes se sont montrées prudentes jeudi sur la question des djihadistes étrangers détenus en Syrie après des discussions cette semaine avec des représentants de plusieurs pays européens, dont la France, qui souhaitent voir leurs ressortissants jugés en Irak.

Alertés par les conséquences de l'offensive lancée par la Turquie dans le nord de la Syrie, les pays européens tentent depuis une semaine de convaincre Bagdad d'accepter le transfert sur son territoire de milliers d'anciens combattants du groupe Etat islamique (EI), ont déclaré à Reuters des responsables et des diplomates.

Juristes allemands, belges, britanniques, danois, français, néerlandais et suédois se sont succédé cette semaine dans la capitale irakienne pour des discussions techniques, tandis que sur le plan politique, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a abordé la question jeudi avec des responsables irakiens et kurdes d'Irak.

Lors d'une conférence de presse conjointe avec Jean-Yves Le Drian, le ministre irakien des Affaires étrangères, Mohamed al Hakim, n'a pas manifesté un grand enthousiasme, soulignant que la priorité de Bagdad est de rapatrier les djihadistes irakiens et leurs familles "si c'est possible".

"En ce qui concerne les combattants étrangers... les pays concernés doivent prendre des mesures nécessaires et appropriées pour les juger", a-t-il ajouté.

Les Européens représentent environ un cinquième des quelque 10.000 djihadistes détenus en Syrie par les milices kurdes. Le risque d'évasion est élevé si les combats contre l'armée turque et ses alliés contraignent les Kurdes à alléger la surveillance des camps de détention.

Les pays européens ne veulent pas juger leurs ressortissants par crainte de la réaction de leurs opinions publiques, mais aussi pour des problèmes de compétence des tribunaux et de difficulté à recueillir des preuves des crimes commis sur le théâtre syro-irakien.

Les discussions avec Bagdad progressent lentement en raison notamment des inquiétudes sur l'équité du système judiciaire irakien et de l'application de la peine de mort dans ce pays.

La France travaille néanmoins à la mise en place d'un "mécanisme juridictionnel adapté" pour que ses quelque 300 ressortissants adultes détenus en Syrie, dont une soixantaine de combattants, puissent être jugés en Irak, a déclaré Jean-Yves Le Drian pendant la conférence de presse.

(Ahmed Rasheed, avec John Irish à Paris; Tangi Salaün pour le service français)