USA : La Fed baisse encore les taux mais suggère une pause

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Usa: la fed baisse encore son principal taux directeur[reuters.com]
(Crédits : Chris Wattie)

par Howard Schneider et Lindsay Dunsmuir

WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale américaine a réduit mercredi son principal taux directeur pour la troisième fois de l'année afin de soutenir l'économie américaine mais elle a laissé entendre qu'elle n'assouplirait pas davantage sa politique monétaire en l'absence d'une dégradation marquée de la conjoncture.

"Nous avons pris cette mesure pour permettre à l'économie de rester forte face à l'évolution de la situation mondiale et pour apporter une sorte d'assurance contre les risques actuels", a dit son président, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse après l'annonce d'une baisse de l'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds") dans une fourchette de 1,5% à 1,75% contre 1,75%-2%.

"Nous considérons que l'orientation actuelle de la politique monétaire devrait rester appropriée tant que les nouvelles données concernant l'économie resteront globalement cohérentes avec nos perspectives."

L'impact des baisses de taux décidées ces derniers mois continuant de se diffuser dans l'économie, seule "une réévaluation importante de nos perspectives" pourrait conduire la banque centrale à réduire encore les taux, a-t-il ajouté.

Pour l'instant, la banque centrale des Etats-Unis table sur une croissance économique modérée, un marché du travail toujours dynamique et une remontée de l'inflation vers son objectif de 2% en rythme annuel.

La baisse de taux d'un quart de point décidée mercredi correspond aux prévisions de la plupart des économistes et analystes interrogés par Reuters après deux précédentes réductions de 25 points de base, fin juillet et mi-septembre. Mais les marchés étaient plus divisés quant à l'orientation que la Fed entendait donner à sa politique au cours des prochains mois.

Or le communiqué publié mercredi n'inclut plus l'engagement à "agir de manière appropriée" pour soutenir l'expansion économique, une formulation qui était interprétée ces derniers mois comme un signal augurant de baisses de taux.

La Fed explique désormais qu'elle va "étudier les implications des nouvelles informations pour les perspectives économiques afin d'évaluer l'orientation appropriée" des taux, une formulation plus vague.

"UN COMPROMIS ENTRE FAUCONS ET COLOMBES"

Indécis avant les décisions de la banque centrale, l'indice Dow Jones et le Standard & Poor's 500 ont ensuite gagné du terrain. Le Dow a fini sur une hausse de 0,43% et le S&P 500 a pris 0,33% pour inscrire un nouveau record de clôture.

Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor à deux ans, le plus sensible aux anticipations d'évolution des taux, a atteint son plus haut niveau depuis le 1er octobre à plus de 1,67% avant de revenir vers 1,61%.

Le dollar, lui, cédait du terrain, certains cambistes jugeant décevante l'absence de garantie définitive de l'arrêt des baisses de taux; l'euro remontait à 1,1147 dollar contre 1,1115 avant les annonces de la banque centrale.

"La Fed a répondu aux attentes des marchés en baissant les taux de 25 points de base. Le communiqué représente un compromis subtil entre les faucons et les colombes concernant la trajectoire future de la politique monétaire", estime Candice Bangsund, responsable de l'allocation d'actifs de Fiera Capital.

La baisse de taux décidée mercredi a été votée par huit voix contre deux au sein du Federal Open Market Committee (FOMC), le comité de politique monétaire; la présidente de la Fed de Kansas City, Esther George, et son homologue de Boston, Eric Rosengren, se sont prononcés pour le statu quo, comme lors des deux réunions précédentes.

La stratégie de la Fed est compliquée depuis plusieurs mois par la situation inhabituelle de l'économie américaine: le taux de chômage aux Etats-Unis est au plus bas depuis près de 50 ans mais l'inflation reste modérée; quant à la croissance, à 1,9% en rythme annualisé au troisième trimestre selon l'estimation publiée mercredi, elle ralentit, mais moins qu'anticipé.

Certains pans de l'économie, à commencer par le secteur manufacturier, ont toutefois souffert ces derniers mois des tensions commerciales internationales et du ralentissement de la croissance mondiale, ce qui a conduit les entreprises à réduire leurs investissements.

(Version française Marc Angrand)