ALGER (Reuters) - Deux anciens Premiers ministres algériens ont été condamnés mardi à de lourdes peines de prison ferme pour des faits de corruption, symbole du durcissement de la justice à l'égard d'anciens hauts responsables de l'ère Bouteflika tombés en disgrâce depuis le début de la contestation, en février.
La justice algérienne a prononcé ces peines à deux jours d'une élection présidentielle que les manifestants hostiles au pouvoir jugent illégitime.
Ahmed Ouyahia, qui a dirigé le gouvernement par quatre fois, a été condamné à 15 ans de prison et Abdelmalek Sellal, deux fois Premier ministre, à 12 ans. Tous deux contestent les charges de "dilapidation de deniers publics", "octroi d'indus avantages" et "abus de fonction" retenues contre eux.
Au terme du même procès, deux anciens ministres de l'Industrie ont écopé de dix ans de prison et cinq hommes d'affaires influents de peines allant de trois à sept ans.
De nombreuses figures de l'ex-régime ont été placées en détention par les autorités, qui cherchent la parade face aux manifestants réclamant depuis février des poursuites contre les dirigeants soupçonnés de corruption et plus généralement le remplacement des élites au pouvoir.
En septembre, le frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika a été condamnés à 15 ans de prison pour "complot contre l'autorité de l'Etat".
L'ancien président a démissionné en avril sous la pression de la rue.
Ce départ n'a pas éteint la contestation : les manifestants critiquent le maintien au pouvoir de figures des années Bouteflika et, de ce fait, ne veulent pas entendre parler du scrutin présidentiel qui se tiendra jeudi.
L'armée assure que l'élection se déroulera dans de bonnes conditions et que c'est le seul moyen de sortir de la crise.
(Hamid Ould Hamed, version françaie Simon Carraud)