Birmanie : Suu Kyi nie toute intention génocidaire à l'encontre des Rohingya

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Birmanie: suu kyi nie toute intention genocidaire a l'encontre des rohingya[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

par Shoon Lei Win Naing et Toby Sterling

LA HAYE (Reuters) - Qualifier de génocide la répression qui a poussé la majeure partie des Rohingya à fuir la Birmanie en 2017 serait "trompeur et incomplet", a estimé mercredi Aung San Suu Kyi, devant la Cour de justice internationale de l'Onu.

Plus de 730.000 membres de cette minorité musulmane ont trouvé refuge au Bangladesh en 2017 pour échapper à une campagne militaire motivée, selon les Nations unies, par des "intentions génocidaires".

Avec l'appui des Etats membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), du Canada et des Pays-Bas, la Gambie a saisi la justice internationale le mois dernier pour violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée en 1948.

Entendue dans le cadre d'audiences étalées sur trois jours qui se sont ouvertes mardi, la cheffe du gouvernement birman a plaidé pendant une trentaine de minutes la cause d'une armée qui l'a maintenue pendant vingt ans en résidence surveillée.

"La Gambie a dressé un tableau incomplet et trompeur des faits survenus dans l'Etat d'Arakan", a déclaré Aung San Suu Kyi en préambule.

Les forces birmanes ont, selon elle, procédé à des "opérations de nettoyage" antiterroristes après une série d'attentats revendiqués par les séparatistes de l'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan (ASRA). "Dans ces circonstances, l'intention génocidaire ne peut donc pas être la seule hypothèse", a-t-elle jugé, tout en reconnaissant que le recours à la force avait pu être disproportionné.

"Peut-il y avoir une intention génocidaire de la part d'un Etat qui enquête, poursuit et punit activement les soldats et les officiers qui sont accusés d'avoir mal agi?", s'est interrogée Aung San Suu Kyi.

Selon l'état-major birman, avec lequel la lauréate du prix Nobel de la paix partage le pouvoir depuis 2016, sept militaires ont été condamnés l'an dernier à dix ans de travaux forcés pour l'exécution de dix Rohingya en septembre 2017. Aucun autre membre des forces gouvernementales n'a été mis en cause et les sept ont été remis en liberté moins d'un an après leur condamnation.

L'armée a toutefois annoncé le mois dernier que plusieurs soldats seraient traduits en cour martiale pour d'autres exécutions.

(Avec Shoon Naing et Stephanie van den Berg, version française Jean-Philippe Lefief)