Ankara pourrait envoyer des combattants syriens se battre en Libye

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Ankara pourrait envoyer des combattants syriens se battre en libye[reuters.com]
(Crédits : Ismail Zitouny)

ANKARA (Reuters) - La Turquie songe à envoyer en Libye des miliciens syriens qui combattent à ses côtés dans le nord de la Syrie dans le cadre du soutien militaire que le président Recep Tayyip Erdogan souhaite fournir au gouvernement de Tripoli, a-t-on appris lundi de quatre sources proches du dossier.

Ankara a conclu fin novembre deux accords avec le gouvernement libyen d'union nationale (GNA) reconnu internationalement, l'un sur la sécurité et la coopération militaire, l'autre sur les frontières maritimes en Méditerranée orientale.

L'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, qui tient l'est de la Libye, a lancé en avril une offensive en direction de Tripoli avec le soutien de la Russie, de l'Egypte et des Emirats arabes unis.

Le Parlement turc doit se prononcer ce lundi sur le projet défendu par le président turc, qui envoie déjà des armes aux forces fidèles au GNA malgré l'embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye.

"La Turquie n'envoie actuellement pas de combattants rebelles en Libye. Mais une réflexion est menée et des réunions sont organisées sur cette question et la tendance est d'aller dans cette direction", a dit une des sources de Reuters.

"Aucune décision définitive n'a été prise sur le nombre d'hommes qui iront là-bas", a-t-il ajouté.

L'intervention que projette la Turquie préoccupe les Nations unies, qui redoutent l'irruption en Libye d'un nouvel acteur étranger, a souligné le chef de la médiation de l'Onu sur la Libye, Ghassan Salamé, dans un entretien accordé au Monde.

"Il s'agit d'une nette escalade du conflit. Les dernières semaines ont été marquées par une aggravation de cette ingérence extérieure", a-t-il déclaré au quotidien.

"(Je) suis déçu, blessé qu'après neuf mois de combats à Tripoli, nous n'ayons toujours pas de résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu. Tout cela fait que les ingérences extérieures se multiplient et s'aggravent", a-t-il déploré.

Le président français, Emmanuel Macron, et son homologue égyptien, Abdel Fattah al Sissi, ont également abordé le sujet dimanche soir lors d'un entretien téléphonique, dont l'Elysée a dévoilé lundi les grandes lignes dans un communiqué.

"Ils ont estimé que les risques d'une escalade militaire nécessitaient que l'ensemble des acteurs internationaux et libyens fassent preuve de la plus grande retenue", est-il écrit dans le communiqué de la présidence française.

(Orhan Coskun, version française Nicolas Delame, édité par Simon Carraud)