En pleine crise financière, le parlement libanais adopte le budget 2020

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En pleine crise financiere, le parlement libanais adopte le budget 2020[reuters.com]
(Crédits : Mohamed Azakir)

BEYROUTH (Reuters) - Le Parlement libanais a adopté lundi le budget 2020 en dépit d'interrogations sur la solidité des hypothèses de recettes fiscales retenues pour son élaboration.

La loi de finances a été préparée par le gouvernement de Saad al Hariri avant sa démission, en octobre dernier, sous la pression du mouvement de contestation et de remise en cause des élites accusées de corruption

Le nouveau Premier ministre Hassan Diab, dont le cabinet a été investi la semaine dernière, a annoncé au Parlement qu'il ne ferait pas obstacle au budget.

La loi de finances prévoit un déficit budgétaire de l'ordre de 7% du PIB. Dans sa version initiale, l'objectif de maîtrise des dépenses publiques était plus ambitieux, avec un déficit estimé à 0,6% du PIB.

Mais la contraction de l'activité économique et la crise des liquidités qui frappent le Liban l'ont fait dévier de cette trajectoire. Le président de la commission parlementaire du Budget et des Finances, Ibrahim Kanaan, a dit en outre que les hypothèses de rentrées fiscales lui semblaient exagérément optimistes du fait de la récession.

Tandis que les députés étaient réunis lundi pour débattre de la loi de finances, des affrontements ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre déployées autour du Parlement.

Certains partis avaient boycotté la session, estimant que le nouveau gouvernement aurait dû présenter son propre projet de budget.

"Compte tenu de tous ces changements et de l'impact sur l'économie, je pense qu'il aurait été plus approprié pour le nouveau gouvernement de retirer ce budget et de l'amender sur les volets des recettes et des dépenses", confirme Nassib Ghobril, chef économiste à la banque libanais Byblos.

Les pays soutenant financièrement le Liban estiment que la mise en oeuvre de réformes trop longtemps retardée sera cruciale au maintien de leur aide.

Lors de ses voeux à la presse, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a appelé lundi le gouvernement libanais à "mettre en oeuvre des mesures indispensables (...) (je dirais) presque pour la survie".

"C'est maintenant aux autorités libanaises de montrer qu'elles sont au rendez-vous" pour que l'aide internationale soit débloquée, a-t-il ajouté, évoquant la conférence sur le Liban qui s'est tenue le 11 décembre dernier à Paris.

"La balle est dans leur camp."

(Tom Perry, Ellen Francis, Laila Bassam, Yara Abi Nader et Eric Knecht avec John Irish à Paris; version française Henri-Pierre André, édité par Sophie Louet)