Le coronavirus a fait 81 morts en Chine, les mesures se durcissent

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(Crédits : Stringer)

par Winni Zhou et Josh Horwitz

PEKIN/SHANGHAI (Reuters) - Le bilan de l'épidémie de coronavirus s'est alourdi lundi à 81 morts en Chine, où le gouvernement a prolongé les vacances du Nouvel An pour tenter d'enrayer la propagation de cette maladie qui suscite les craintes des voyagistes du monde entier.

Les autorités sanitaires ont recensé 2.835 cas sur le sol chinois - un chiffre en hausse de plus de 30% par rapport à dimanche - dont une moitié dans la seule province centrale de Hubei.

La télévision publique a fait état lundi d'un premier cas mortel à Pékin. La victime âgée de 50 ans s'était rendue à Wuhan, chef-lieu de la province et principal foyer d'infection, précise-t-elle. On ignore si le bilan national tient compte ou non de ce décès.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang, vêtu d'une blouse bleue et masque de protection sur le nez, a inspecté lundi les installations sanitaires de Wuhan pour démontrer la détermination du pouvoir à prendre le phénomène à bras-le-corps et a promis des renforts.

Le gouvernement chinois s'efforce de jouer la transparence afin d'éviter les reproches qui ont accompagné l'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), en 2002-2003. Près de 800 personnes avaient alors péri.

Le maire de Wuhan, Zhou Xianwang, s'est livré à un exercice de contrition - une initiative rare de la part d'un haut responsable chinois - en déclarant à la chaîne de télévision publique CCTV que la gestion de la crise par la municipalité n'avait pas été optimale et en se disant prêt à démissionner.

A Washington, Donald Trump a promis de mettre "toute l'aide nécessaire" à la disposition des autorités chinoises. "Nous sommes en contact étroit avec la Chine concernant le virus. Peu de cas signalés aux Etats-Unis, mais grande vigilance", ajoute-t-il sur Twitter.

L'inquiétude grandit parmi les investisseurs, comme l'illustrent les pertes enregistrées lundi, en milieu de journée, par le titre Air France-KLM (-6,5%) et les fleurons français du luxe, à l'image de LVMH (-3,6%), Kering (-3,6%) ou Dior (-4%).

A Tokyo, l'indice Nikkei, en recul de 2%, a subi ses plus lourdes pertes depuis cinq mois tandis que grimpait la demande pour les valeurs refuges.

En Chine comme ailleurs, les mesures de précaution se durcissent, près d'un mois après la découverte des premiers cas.

Le Syndicat français des tour-opérateurs (Seto) a annoncé dans un communiqué publié dimanche la suspension des départs vers la Chine jusqu'au 21 février 2020 inclus dans la mesure où "la fermeture de la plupart des sites touristiques empêche la bonne exécution des programmes".

"LES HABITANTS DE HUBEI DISCRIMINÉS"

Hong Kong a fermé ses frontières aux voyageurs qui ont séjourné à Wuhan au cours des 14 derniers jours - exception faite des résidents hong-kongais. Les voyageurs en provenance de la province de Hubei sont également indésirables à Macao.

"Les habitants de Hubei sont discriminés", s'est plaint un habitant de Wuhan sur Weibo, l'équivalent chinois de Twitter.

La liste des désagréments s'est allongée lundi pour les 11 millions d'habitants de Wuhan, déjà placés en quasi-quarantaine et privés de transports publics, avec la fermeture des services délivrant passeports et visas.

Plusieurs pays, dont la France, l'Australie, l'Italie et les Etats-Unis, ont toutefois fait savoir qu'ils s'apprêtaient à rapatrier leurs ressortissants séjournant dans la ville.

"Quelques dizaines à quelques centaines" de personnes seront ainsi évacuées dans les jours qui viennent par un vol direct vers la France, où ces voyageurs sous haute surveillance resteront en observation pendant 14 jours, a annoncé dimanche la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Le lieu qui les accueillera durant cette période reste à définir, a déclaré lundi le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, sur BFM TV.

La France a jusqu'à présent répertorié trois patients contaminés sur son sol, tous originaires de Chine. Leur état de santé ne suscite plus d'inquiétude.

Au total, une dizaine de pays, les Etats-Unis, l'Australie, la Corée du Sud et le Japon notamment, ont décelé des cas sur leur territoire.

Le gouvernement chinois a allongé de trois jours - jusqu'au 2 février, les vacances du Nouvel An, qui durent en temps normal une semaine. Des millions de personnes profitent généralement de l'occasion pour voyager mais, cette année, de nombreux déplacements ont été annulés.

Le ministre chinois de la Santé, Ma Xiaowei, a évalué dimanche la période d'incubation du virus d'un à 14 jours. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime pour sa part que cette période s'étend de deux à dix jours.

(Avec Yilei Shun, Samuel Shen, Huizhong Wu, See Young Lee, Shivani Singh, Martin Pollard, version française Simon Carraud et Jean-Philippe Lefief)