Boeing dans le rouge pour la première fois depuis 1997

reuters.com  |   |  578  mots

(Reuters) - Boeing a publié mercredi sa première perte nette annuelle depuis 1997 et indiqué que les coûts liés à l'interdiction de vol imposée à son 737 MAX devraient dépasser les 18 milliards de dollars (16,4 milliards d'euros).

Les analystes anticipaient une somme plus élevée et le titre Boeing gagnait 2,5% dans les premiers échanges à Wall Street.

L'avionneur américain a aussi annoncé qu'il allait encore réduire la production de son gros porteur 787 Dreamliner, son avion le plus rentable, face à une demande réduite en raison des tensions commerciales sino-américaines.

Boeing, qui assemble quatorze 737 Dreamliner par mois, avait déjà ramené en octobre dernier ses prévisions de production à 12 appareils par mois pour la fin 2020. Il prévoit désormais de produire 10 appareils par mois début 2021.

Le 737 MAX est interdit de vol dans le monde depuis mars dernier à la suite de deux catastrophes aériennes en cinq mois, qui ont fait 346 morts au total.

La crise pèse sur les finances du groupe et a conduit à la démission du directeur général Dennis Muilenburg le mois dernier.

"Nous reconnaissons qu'il y a beaucoup de travail à faire", a déclaré le nouveau PDG, David Calhoun, dans le communiqué de résultats.

Sur CNBC, David Calhoun a dit s'attendre à ce que le calendrier de certification du 737 MAX soit respecté et il a regretté le manque de transparence de la précédente direction dans ses relations avec les compagnies aériennes.

L'avionneur a fait savoir la semaine dernière qu'il n'espérait pas obtenir l'autorisation de remettre en service le 737 MAX avant la mi-2020, un délai revu à la hausse par rapport à ses précédentes estimations.

"PAS D'IMPACT DURABLE DU CORONAVIRUS"

Le PDG de Boeing a également jugé que l'épidémie de coronavirus n'aurait pas d'impact durable sur les commandes futures de l'avionneur en Chine.

Pour 2019, le coût lié à l'immobilisation du 737 MAX a été revu en hausse à 14,6 milliards de dollars, dont 8,3 milliards de dollars d'indemnités aux compagnies aériennes contraintes d'annuler des vols et de revoir les programmes d'expansion de leurs flottes.

Boeing, qui prévoit de reprendre progressivement cette année la production de son appareil vedette, a inscrit une charge plus faible de 4 milliards de dollars pour 2020.

Au total, le coût de l'interdiction de vol du 737 MAX est évalué par Boeing à 18,6 milliards de dollars, contre 8 milliards auparavant.

L'an dernier, l'avionneur a enregistré une perte nette de 636 millions de dollars contre un bénéfice net de 10,5 milliards en 2018. Le groupe a vu fondre un quart de son chiffre d'affaires, qui est passé de 101 milliards de dollars en 2018 à 76,6 milliards en 2019 (-24%).

Au quatrième trimestre 2019, le chiffre d'affaires s'est élevé à 17,9 milliards de dollars contre 28,3 milliards un an plus tôt (-37%). Les analystes attendaient en moyenne des ventes de 21,67 milliards de dollars.

L'avionneur a subi une perte d'exploitation de 2,53 milliards de dollars, soit 2,33 dollars par action, sur les trois derniers mois de 2019 contre un bénéfice de 3,87 milliards un an auparavant (BPA $5,48).

Au titre du quatrième trimestre, le groupe a annoncé un free cash flow négatif de 2,67 milliards de dollars, alors qu'il avait été positif de 2,45 milliards un an plus tôt.

Grâce à la livraison de 863 appareils, Airbus a repris l'an dernier à Boeing la place de premier constructeur aéronautique mondial, une place qu'occupait l'américain depuis 2011.

(Ankit Ajmera à Bangalore, David Shepardson à Washington et Tim Hepher à Seattle; version française Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse)