Renault promet des économies drastiques après une année noire

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Renault dans le rouge en 2019 avec nissan et les volumes[reuters.com]
(Crédits : Arnd Wiegmann)

par Gilles Guillaume et Sarah White

BOULOGNE-BILLANCOURT (Hauts-de-Seine) (Reuters) - Renault a annoncé vendredi un plan drastique d'économies pour tourner la page d'une année noire marquée par sa première perte nette en dix ans et les soubresauts qui ont suivi la chute de l'ex-PDG Carlos Ghosn.

Pour redresser la barre, le groupe au losange compte réduire d'au moins deux milliards d'euros ses coûts de structure en trois ans, soit une baisse d'environ 20%, en optimisant son outil industriel, en revoyant ses relations avec ses sous-traitants et en passant en revue ses actifs non stratégiques.

Ce plan, qui n'exclut pas des fermeture d'usines en France ou dans le monde, sera présenté dès mai prochain car Renault doit agir vite et de ne peut s'offrir le luxe d'attendre l'arrivée du nouveau directeur général Luca de Meo en juillet.

"Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien, étant donné que nous avions peut-être un peu trop de capacités pour des visions en terme de volumes plus élevées que ce que nous avons aujourd'hui", a déclaré Clotilde Delbos, directrice générale par intérim, lors d'une conférence de presse.

Ce message a contribué à redresser le cours de l'action Renault. Vers 13h00, le titre gagne 1,7% à 35,41 euros alors qu'il avait ouvert en fort recul, et accusé un temps en matinée la plus forte baisse de l'indice CAC 40 (-0,17%).

"Il est clair que nous n'arriverons pas à réduire ainsi les coûts sans que cela touche la moindre personne des 180.000 employés de Renault", a ajouté Clotilde Delbos. "Malheureusement ce sera une évidence. Nous allons y travailler de manière toujour humaine, solidaire et collaborative avec les partenaires sociaux."

FAIBLE VISIBILITÉ EN 2020

Le groupe au losange a accusé en 2019 une perte nette, part du groupe, de 141 millions d'euros, alors que l'année précédente, il affichait un bénéfice de 3,3 milliards.

C'est sa première perte depuis la crise financière de 2007-2008, quand le résultat net, part du groupe, était ressorti négatif à hauteur de 3,1 milliards en 2009.

Le bénéfice net de Renault a été amputé par une chute de la contribution de son partenaire Nissan ainsi que par une charge fiscale de 753 millions d'euros liée à la suspension du plan stratégique moyen terme lancé par Carlos Ghosn.

Le plus international des deux constructeurs français a également souffert de la baisse de ses ventes de voitures sur plusieurs de ses marchés émergents stratégiques, et celle de moteurs diesel à ses partenaires Nissan et Daimler, deux recettes qui ont fait le succès de Renault.

Le constructeur, qui compte aussi sur la relance de son alliance avec Nissan pour réduire ses coûts, a tenu à rassurer sur ses réserves de liquidités, le directeur financier adjoint Thierry Piéton soulignant qu'à près de 16 milliards d'euros, elles dépassent de loin le niveau requis pour couvrir les besoins du groupe pour les années à venir.

Renault est également parvenu à maintenir un free cash flow opérationnel positif à hauteur de 153 millions d'euros (454 millions de moins que l'année précédente), mais grâce à une forte hausse du dividende versé par l'activité bancaire RCI.

Le constructeur a également réduit des deux tiers, à 1,10 euro par action, son dividende pour l'exercice écoulé, et dit viser pour l'année en cours une baisse de sa marge à 3-4%, contre 4,8% en 2019.

Renault avait abaissé fin octobre son objectif 2019 de marge à environ 5%, alors qu'il l'attendait jusqu'ici autour de 6% (contre 6,3% en 2018).

Le groupe a également prévenu vendredi que l'année 2020 restait marquée par une faible visibilité, liée au durcissement des objectifs de réduction des émissions de CO2 en Europe, et par le poids des investissements pour préparer l'avenir.

S'il anticipe cette année un free cash flow opérationnel de l'automobile positif avant coûts de restructuration, il précise aussi que ses objectifs annuels ne tiennent pas compte d'éventuels impacts liés à la crise sanitaire du coronavirus.

(Edité par Jean-Stéphane Brosse et Jean-Michel Bélot)