L'Iran de retour sur la liste noire du Gafi

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Vers une reinscription de l'iran sur la liste noire du gafi[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par John Irish et Leigh Thomas

PARIS (Reuters) - Le Groupe d'action financière (Gafi ou FATF en anglais) a replacé vendredi l'Iran sur sa liste noire, Téhéran ayant échoué à se conformer aux normes internationales sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

Cette décision, prise après plus de trois années de menaces de la part de cette organisation internationale, va déboucher sur la réintégration dans sa liste noire et l'application de contre-mesures qui isoleront encore davantage l'Iran sur les marchés financiers.

"Etant donné que l'Iran n'a pas mis en place les conventions de Palerme (sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée, NDLR) et celle sur le financement du terrorisme conformément aux directives du Gafi, nous levons complètement les suspensions de contre-mesures et appelons nos membres et toutes les juridictions à appliquer des contre-mesures efficaces", écrit le Gafi dans un communiqué.

Cette décision se traduira par une attention croissante portée aux transactions avec l'Iran, des règles plus strictes d'audit externe pour les firmes financières actives sur place et une pression accrue pour le petit nombre de banques et d'entreprises étrangères présentes en Iran.

"Du fait de son inertie (sur le sujet) l'Iran va faire face à des coûts d'emprunt plus élevés et un isolement du système financier", a déclaré un diplomate occidental.

Le Gafi semble toutefois laisser la porte ouverte à des engagements avec Téhéran en affirmant que les "pays devraient aussi être en mesure d'appliquer des contre-mesures indépendamment de tout appel du Gafi en ce sens".

"C'est une solution intermédiaire. Une sorte de tour de passe-passe pour laisser la porte ouverte aux Iraniens", a déclaré une des diplomates.

Selon les trois sources qui ont révélé en premier lieu cette décision, les Etats membres du Gafi seront invités à mettre en place des contre-mesures adaptées à leur économie, le choix des modalités d'action restant de leur ressort.

L'application par l'Iran des règles du Gafi représente un critère crucial pour tenter d'attirer les investisseurs étrangers, en particulier depuis que les Etats-Unis ont rétabli leurs sanctions en 2018, après s'être retiré de l'accord de Vienne de 2015 sur le programme nucléaire iranien.

"Tant que l'Iran n'aura pas mis en œuvre les mesures nécessaires pour combler les lacunes identifiées en matière de lutte contre le financement du terrorisme (...), le Gafi restera préoccupé par le risque de financement du terrorisme par l'Iran et la menace que cela représente pour le système financier international", ajoute l'instance.

(Version française Myriam Rivet et Laetitia Volga, édité par Jean-Philippe Lefief)